Intervention de Bérengère Poletti

Séance du 20 octobre 2010 à 9h30
Commission des affaires sociales

Être enceinte, ce n’est pas être malade ; accoucher, ce n’est pas subir une intervention chirurgicale ! Il s’agit d’un acte naturel qui exige des précautions. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à ce que les petites maternités soient classées en fonction de leur capacité d’accueil et que la présence d’un pédiatre, d’un anesthésiste et d’un obstétricien y soit rendue nécessaire.

Toutefois, les femmes accouchent aujourd’hui dans des conditions très médicalisées, lesquelles créent des pathologies, notamment des dystocies. Certaines femmes ont besoin d’accoucher avec un peu de douceur, ce qui n’est pas toujours le cas. Le nombre de femmes souhaitant accoucher à domicile augmente. Or elles s’entourent souvent de personnes dépourvues de formation médicale, les doulas, qui sont là pour câliner les femmes qui accouchent.

Les sages-femmes demandent depuis de nombreuses années la création de lieux respectant le caractère physiologique de l’accouchement.

Des amendements à l’article 40 sont évidemment nécessaires pour mieux encadrer le dispositif – Marisol Touraine a raison. La maison de naissance doit être conventionnée avec un établissement hospitalier proche afin de garantir une sécurité maximale.

Il ne s’agit pas de remplacer les petites maternités par des maisons de naissance : celles-ci devront être adossées à des centres techniques dont les personnels pourront, en cas de besoin, intervenir sur la mère ou l’enfant.

N’empêchez pas, en supprimant l’article 40, le déroulement d’une expérimentation qui améliorera jusqu’à l’environnement sanitaire des femmes.

DoulasDeFrancePublicationsMadame,

Nous saluons l’effort de concrétisation de notre gouvernement pour la mise en place de vraies « Maisons de Naissance » en France. Nous espérons que les parents pourront bientôt choisir cette option de prise en charge de toute la naissance par les sages-femmes.

Nous souhaiterions saisir cette opportunité pour apporter plus de précisions sur l’activité de la doula auprès des parents, car la description donnée dans votre texte pourrait porter à confusion :

«…Le nombre de femmes souhaitant accoucher à domicile augmente. Or elles s’entourent souvent de personnes dépourvues de formation médicale, les doulas…»

Les doulas n’ont en effet aucune formation médicale (cela ne veut pas dire qu’elle ne sont pas pour autant formées) car leur rôle n’est pas médical, c’est en effet celui de la sage femme ou du médecin. Les doulas répertoriées dans l’association Doulas de France ne peuvent être présentes à un accouchement sans qu’une sage-femme ou médecin ne soit présent (voir la Charte de notre association https://doulas.info/association/charte/ ainsi que les conditions de parutions sur notre annuaire en ligne https://doulas.info/annuaire/ ; elles ne proposent pas de suivi médical de la grossesse et ne pratiquent pas d’accouchement ; elles ne peuvent pas accompagner une femme qui n’a pas mis en place un suivi médical pour tout l’épisode de la naissance et se doivent de renvoyer les parents vers les professionnels de santé pour toute question d’ordre médical. En aucun cas elles ne prodiguent d’actes médicaux, ni n’établissent de diagnostic, ni ne prodiguent de soins sur la mère ou le nouveau-né.

L’accompagnement de la doula ne peut donc en aucun cas se substituer au suivi médical d’une sage femme ou d’un médecin. Nous informons les parents dès le premier contact que nous ne pouvons pas répondre à des questions d’ordre médical et qu’ils doivent se référer à un professionnel de santé pour toutes inquiétudes concernant leur santé ou celle de leur bébé.

Les doulas accompagnent tous les choix des parents, et pas seulement les choix d’accouchement naturel ou à la maison. Un amalgame a été fait entre l’accompagnement de la doula et l’AAD, en fait la doula soutient les parents quels que soient leurs projets : désir d’avoir la péridurale ou pas, allaitement ou biberon. 70% des accompagnements des doulas de notre association ont été effectués en maternités.

« …les doulas, qui sont là pour câliner les femmes qui accouchent.»

La doula peut en effet câliner la femme qui accouche, mais aussi elle l’encourage, la soutien physiquement et émotionnellement, elle est là aussi pour le père pendant tout l’accouchement, lui permettant de prendre la place qu’il souhaite, de se reposer si l’accouchement est long.

L’activité de la doula ne se cantonne pas à l’épisode de l’accouchement, elle consiste principalement à offrir avant et après la naissance un soutien à caractère informatif, pratique et émotionnel de mère à mère, de parent à parent dans le respect de leurs choix.

Plus précisément la doula propose :
un soutien émotionnel et une écoute dans le non-jugement
une aide ponctuelle dans le quotidien (choix d’équipement de puériculture, de layette, petits travaux ménagers et courses, avec la fratrie…)
un relais d’informations recueillies auprès d’autres parents
une information sur la disponibilité des professionnels qui peuvent suivre les parents : mise en lien avec les sages- femmes, les équipes qui peuvent répondre au projet, avec les PMI, les psychologues etc…
une mise en réseau avec d’autres parents et associations de soutien (par exemple qui ont vécu une situation similaire, prématurité, handicap, isolement, pour l’allaitement.

Nous tenons à préciser que notre association ne saurait être tenue pour responsable de la pratique de personnes proposant un accompagnement non médicale à la naissance n’étant pas adhérente de Doulas de France.

Nous espérons que ces informations pourront lever tout malentendu concernant l’activité des doulas membres de notre association et permettront de rétablir une perception plus réaliste des services proposés par les doulas de l’Association Doulas de France.

Sincères salutations

Valérie Dupin et Pascale Gendreau
Coprésidentes de l’Association Doulas de France

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