ActuBaby n°20, semaine du 28 janvier 2008
3 questions posées à un intervenant de l’univers du bébé et de la future maman
Nom : Valérie Dupin
Fonction : Membre fondatrice et coprésidente de l’Association des Doulas de France
L’Association des Doulas de France compte aujourd’hui 200 membres dont environ 140 doulas (accompagnatrices de futures mamans et jeunes mamans) en exercice ou « apprenties », le complément étant composé de parents qui soutiennent l’Association. En 2007, l’Association des Doulas de France a recensé, au niveau national, environ 1.060 doulas en exercice et 900 doulas « apprenties ». Elle souligne qu’en Grande-Bretagne, où cette activité est reconnue officiellement et existe depuis près de 15 ans, il y aurait 500 doulas répertoriées.
Les doulas sont en général rémunérées au forfait (400 à 600€) correspondant à un tarif horaire entre 10 et 12€. Ce forfait couvre des visites au cours des périodes pré et post-natale avec une disponibilité téléphonique ou par mail.
ActuBaby : Quelle est la spécificité d’une « doula » et quels sont les critères de sélection pour le devenir ?
Valérie Dupin : Une doula est une femme qui est à l’écoute des désirs et des besoins de la future maman, mais aussi du couple en les accompagnant sur le plan émotionnel, affectif, physique et pratique. Nous avons pour vocation d’aider une femme et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période post-natale et ce aux côtés des professionnels de santé. Ce n’est pas un soutien psychologique, parce que nous n’avons pas de formation pour cela et nous ne souhaitons pas nous retrouver dans un cadre psychologique ou thérapeutique. Notre présence vient en complément du suivi médical et nous ne nous substituons en aucun cas aux médecins. Notre but est d’aider les futurs parents à trouver eux-mêmes leurs informations et à faire leurs propres choix pour qu’ils soient totalement acteurs de ce qui se passe, de la grossesse à la naissance du bébé, et qu’ils deviennent le plus autonomes possibles en s’exonérant de la dépendance.
Nous sommes très souvent contactés par des femmes qui sont déjà informées sur notre activité et qui ont déjà fait des choix spécifiques pour leur grossesse et pour leur accouchement. Le niveau social est très varié : nous avons des demandes venant de femmes cadre-supérieurs, de femmes d’affaires, de juristes, mais aussi d’artistes ou de femmes au chômage.
En ce qui concerne notre Association, les critères de sélection sont simples : les personnes souhaitant exercer cette activité s’engagent à signer, à suivre et à appliquer dans la pratique notre charte, à suivre des formations sur la périnatalité, la grossesse et l’accompagnement et à respecter le secret professionnel.
Comment envisagez-vous l’évolution de votre activité ?
Notre souhaitons d’abord que cette activité soit reconnue officiellement, dans un cadre officiel avec un cursus de base reconnu pour éviter toutes dérives. Nous voulons aussi que cette activité rentre dans le cadre de l’emploi des « services à la personne » et non dans celui du « paramédical » pour qu’il soit accessible à tout le monde. Nous avons le soutien de certains obstétriciens, de sages-femmes et de pédiatres. Sur le terrain, de manière générale cela se passe très bien. En revanche l’Ordre National des Sages-femmes est très inquiet quant aux dérives éventuelles de cette activité. C’est pour cela que nous souhaitons une reconnaissance officielle pour rassurer les professionnels de santé et offrir encore plus de garanties aux parents.
Nous avons également beaucoup de projets que nous ne pouvons réaliser par manque de moyens. Nous organisons tous les ans « Les Journées des Doulas » avec chaque jour plus de 200 participants qui sont des professionnels de santé, des futurs et jeunes parents, des doulas et des futures doulas. Ces journées sont patronnées par certaines marques comme, vraisemblablement pour les journées 2008, la marque de soins Natura. Des partenariats avec certaines sociétés spécialisées dans le domaine de la petite enfance nous permettent d’éditer des brochures d’information sur la grossesse, la naissance et le post-natal.
Êtes-vous sollicités par les jeunes parents dans le choix de l’équipement en puériculture ?
Oui et nous encourageons les parents, et surtout ceux qui n’ont pas de gros moyens financiers, à ne pas acheter des produits superflus, mais plutôt à se concentrer sur du matériel indispensable et durable. Nous avons remarqué que les parents aujourd’hui sont de plus en plus concernés par l’écologie, et l’économie d’énergie et des ressources. Ils souhaitent être conseillés sur le matériel écologique qui va durer dans le temps, comme les lits évolutifs par exemple. On constate également une demande importante sur les porte-bébés, car nous sommes plus aujourd’hui dans le « portage », et un grand intérêt pour les produits écologiques, comme les vêtements en fibres naturelles, les lessives et les couches biologiques.
Nous souhaiterions que les fabricants aillent un peu plus vers la demande des parents avec une démarche plus humaine que commerciale. Tous les produits qui rentrent dans l’équipement d’un enfant dès sa naissance représentent un budget non négligeable pour les jeunes parents et un très grand nombre d’entre eux sont superflus alors que le matériel nécessaire n’est pas toujours conçu pour être durable. En France, les produits écologiques, évolutifs et biologiques ne sont pas encore abordables pour une grande majorité de parents alors qu’ils sont très demandeurs de ce type de produits qui ne sont pas encore suffisamment diffusés en France.