Paru au départ sur famili.fr le 22 mai 2014, maintenant rattaché à magicmaman

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La doula est une femme chargée d’accompagner la future maman pendant sa grossesse en la rassurant et en la guidant dans ses choix. Elle joue pour elle le rôle d’une amie, d’une nounou et parfois même de mère. Une tradition déjà bien ancrée dans les pays anglo-saxons ! Certaines stars comme la chanteuse canadienne Alanis Morissette ou l’actrice Mila Kunis ont fait appel à une doula pour leur accouchement. Aurélie Bianchi, doula en Gironde (33) nous en dit plus sur ce métier encore peu connu en France.

Une doula, c’est quoi au juste ?

Une doula est une femme qui est au service de la femme enceinte et du couple, généralement pendant la grossesse, lors de la naissance et des premiers mois de vie du nourrisson. Le mot « doula » vient du grec ancien qui signifie « esclave ». Il désignait autrefois les femmes présentes auprès de celle qui accouchait et qui la servaient. Aujourd’hui, les doulas ont le rôle de soutenir les parents, de les informer, de les renforcer dans leurs compétences de père, de mère. Elles sont une présence bienveillante, à l’écoute et sans jugement. Elles ne disent pas aux futurs parents ce qu’il faut faire et ne pas faire, elles leur donnent la possibilité de faire les choix qui leur conviennent, en leur offrant un espace de confiance et d’intimité.

Qu’est ce qui vous a amené à devenir doula ?

J’ai été une jeune maman bien seule face à mon premier enfant. Mon cœur me portait vers des choix différents de ceux de mon entourage, ce qui me rendait hésitante : je vivais dans la crainte de la mère que j’étais peut-être, cette mauvaise mère qu’on me renvoyait être. Avec mon second enfant, j’ai écouté mon cœur et me suis épanouie dans la voie parentale qui me correspondait. Au gré de mes lectures, j’ai compris que j’aurai pu être accompagnée par une doula et que j’aurais trouvé là une écoute dans mes doutes, une personne qui aurait offert un regard profondément humain et soutenant sur moi et mes qualités de mère, et qui aurait rendu unique ma grossesse, mon accouchement et ma vie de maman. C’est aussi cela qui m’a attiré dans le métier de doula : l’envie de redonner à la grossesse et à l’arrivée d’un enfant dans une vie, toute la valeur et le caractère unique que cela mérite ! Face aux professionnels de santé, nous sommes bien souvent une patiente parmi d’autres : nos amis, nos connaissances, les gens que nous croisons dans la rue même, nous parlent de leurs grossesses, de leurs accouchements… Bien sûr, tout cela part d’un bon sentiment. Mais en tant que doula, il est important pour moi de mettre les parents et leurs ressentis au cœur de cet événement, qu’ils soient acteurs de ce qu’ils vivent, sans comparaison aucune avec d’autres couples.

Comment se déroule la formation de doula ?

Il existe différentes formations pour devenir doula ou accompagnante périnatale.

Personnellement, j’ai suivi la formation proposée par l’Institut de Formations de Doulas de France en 2013. Elle se compose de 26 jours de formation, à raison d’un week-end de formation par mois. Les temps de formation se déroulent en groupe, et principalement sur la base d’échanges, de partage d’expériences, de mises en situation.

Quelles différences y a t-il entre une doula et une sage-femme ?

La différence est majeure : une doula n’a aucun rôle médical ou thérapeutique auprès des couples qu’elle accompagne ! Pour être plus précise, une doula ne peut accompagner un couple que si celui-ci a fait la démarche d’un suivi médical par ailleurs. La doula et la sage-femme ont des rôles complémentaires. Ainsi, la doula pourra apporter un soutien parfois très matériel : aider au ménage, accompagner à un rendez-vous, garder les aînés, sortir le chien… si tels sont les besoins des parents. Les doulas répertoriées par l’association Doulas de France signent une charte cadrant la profession. J’ajouterai que la doula est un métier de service à la personne. Tout le monde connaît la différence entre un médecin en gériatrie et une auxiliaire de vie pour personnes âgées. La différence entre doula et sage-femme est du même ordre. Il est à noter d’ailleurs que la majorité des doulas acceptent le paiement en chèques emploi-service universel.

En tant que doula, pouvez-vous expliquer votre rôle durant la grossesse ? Et à l’accouchement ?

Notre rôle est avant tout d’être à l’écoute des femmes, des hommes, des bébés à naître, ainsi que de la fratrie et de l’entourage proche. En étant à l’écoute du couple, dans une présence accueillante et sans jugement, les parents s’autorisent plus facilement à exprimer leurs besoins et ressentis. Dans la mesure du possible, la doula va soutenir et aider les parents à réfléchir à leur projet de naissance et à comment le réaliser.

La doula a également un rôle de transmission : elle partage les expériences d’autres parents, elle peut mettre en lien les parents entre eux, elle a également un réseau d’associations, de professionnels, un carnet d’adresse, des lectures, qu’elle peut partager avec les parents. Elle transmet par exemple des positions de confort pour soulager les maux de la grossesse, les contractions pendant l’accouchement, elle peut transmettre des liens d’informations sur la césarienne ou diriger la personne vers un personnel médical adéquat.

Pendant l’accouchement, la doula pourra apporter du confort à la maman et préserver son intimité. Comme elle connaît bien les parents et leur projet, elle peut être un lien très utile entre le couple et le personnel médical qui les entoure. Après la naissance, la doula continue à soutenir les parents dans leurs choix, dans l’allaitement, mais également dans l’organisation à la maison, dans le besoin d’être soutenus et d’être en lien avec d’autres parents, avec d’autres expériences de vie et de la parentalité.

Est-ce que le métier de doula peut être pratiqué par un homme ?

Dans certains pays, les conditions requises pour être doula sont spécifiques à la femme : être mère, avoir allaité un certain temps, etc. En France, il n’existe pas, à ma connaissance, de restrictions particulières pour un homme à devenir doula; d’ailleurs, l’Institut de Formation de Doulas de France a reçu pour la première fois un homme au cours de l’année 2013. Je pense que chaque couple trouve SA doula. Et que cette doula peut être un homme aussi. Cependant, je suis très sensible à l’idée de transmission : la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, sont des expériences qui touchent profondément le corps et la psyché de la femme. Lorsque la connaissance de l’intimité féminine est transmise par les femmes, aux femmes, je pense qu’il s’en dégage un caractère sacré, une intensité magique, qui créent des liens très puissants entre toutes les femmes.

 Par Camille Moreau