Le Figaro Madame Web, 23 novembre 2007
Elles sont devenues les nouvelles coqueluches des femmes enceintes. Telles « S.O.S. mamans en détresse », les doulas écoutent, maternent, chouchoutent et veillent sur notre bien-être physique et moral. Des secondes mamans sans les inconvénients ? Enquête.
« Claire a écouté mes doutes plus de cinquante fois avec toujours la même patience, elle a répondu à mes interrogations sans me juger. Grâce à elle, j’ai vécu une deuxième grossesse sereine et épanouie. » Ces éloges ne sont pas destinés à une sage-femme, ni à une amie, mais à la doula qui a suivi Marine tout au long de sa grossesse. Tel un fil rouge rassurant, cette accompagnatrice lui a offert l’oreille attentive et le réconfort qui lui avaient cruellement manqués lors de son premier accouchement.
« Ces dernières années, les protocoles de suivi médical sont de plus en plus pointus, mais cela prend beaucoup de temps et d’énergie au personnel médical, et ceci au détriment du suivi psychologique », constate Pascale Gendreau, présidente de l’association Doulas de France. Pour pallier ce manque, les futures mamans peuvent donc, depuis peu, faire appel à l’une de ces quarante-deux accompagnatrices rémunérées, actuellement en exercice en France.
Très implantées depuis les années 80 dans les pays anglo-saxons, les doulas – littéralement les « esclaves » en grec ancien ! – sont là pour choyer les femmes enceintes pendant cette période riche en émotions. Massages, conseils pratiques et informations de tous poils, dès le 4e mois de grossesse, la doula s’occupe de leur bien-être physique et moral, sans jamais s’immiscer sur le terrain médical. Avec un avantage de taille : on peut la contacter jour et nuit car elle reste joignable 24 heures sur 24 !
Pas des coaches de grossesse !
Après l’accouchement, la doula épaule la maman afin qu’elle récupère au mieux : du ménage au baby-sitting, elle est sur tous les fronts avec toujours du savoir-faire à en revendre.
« Je n’arrivais pas à allaiter. Sans les conseils et les encouragements de ma doula, j’aurais fini par abandonner », confirme Marie-Eve, mère d’une petite Melluna.
Alors les doulas, coaches de grossesse ? « Pas du tout ! s’exclame Pascale Gendreau. Elles n’ont pas de programme, ni d’objectif, elles s’adaptent aux désirs des parents et les accompagnent dans leurs choix. » Voilà pour les idées reçues.
Dans une société où les familles sont de plus en plus éclatées, les doulas seraient plutôt un peu comme des mères modernes. La relation de confiance qu’elles créent va même souvent au-delà : beaucoup de femmes avouent leur poser des questions intimes qu’elles n’auraient jamais osé aborder avec leurs proches.
Mais qui sont ces superfemmes ? Des mères, tout simplement. Deux grossesses « simples » et bien entourées ont donné à Yanick, une ancienne ingénieure en informatique, l’envie d’apporter son soutien à d’autres. « En surfant sur les forums, j’ai découvert que beaucoup de mamans étaient très seules et pleines d’interrogations », explique-elle. Après avoir encouragé par mail des anonymes et « accompagné » plusieurs amies, elle s’est inscrite sur le site de l’association de Pascale Gendreau et est devenue, à 36 ans, apprentie doula. Pour cela, elle a dû suivre une courte formation comprenant un stage et de nombreuses lectures.
Et le personnel médical ?
Mais ces nounous d’un nouveau genre font grincer des dents. Marie-Josée Keller, présidente du Conseil national de l’ordre des sages-femmes, s’insurge contre « cette profession autoproclamée sans formation reconnue » et craint que les doulas empiètent sur le domaine médical. Elle ajoute que c’est aux sages-femmes de suivre les femmes enceintes, tout en admettant du bout des lèvres l’impossibilité avec les moyens actuels de proposer des accompagnements personnalisés.
Le docteur Bernard Maria, chef de service de la maternité de Villeneuve-Saint-Georges, a, lui, accepté la présence de doulas en salle d’accouchement et observé qu’elles apportaient une présence réconfortante pour les patientes.
Des études scientifiques, notamment publiées par le Midwives Information and Resource Service (Midirs), en Grande-Bretagne, ont d’ailleurs démontré les effets positifs de l’accompagnement par une doula, avec une baisse constatée de 50 % du taux de césariennes et une réduction de 25 % du temps de travail à l’accouchement.
Et le docteur Maria de conclure : « La femme enceinte, c’est comme un sportif de haut niveau. Pour gagner, il y a le coach et sa technique, mais l’émotion et l’empathie du supporter sont aussi nécessaires ! »
Visites (entre 5 et 10, à répartir avant et après la naissance) : environ 50 € la séance (de 3 à 4 h).
Entre 250 et 400 € l’accompagnement pendant l’accouchement.
Rens. : association Doulas de France, www.doulas.info