Bio dans nos vies, 31 mars 2018
Savez-vous ce qu’est une « doula » ? Nous avons rencontré Julie qui du haut de sa belle expérience a tout mis en place pour venir en aide aux futures mamans, aux jeunes mamans près de chez nous, à la Gaude (06).
BIO DANS NOS VIES : Parle nous un peu de toi, de ton parcours.
Julie Remery : J’ai 40 ans et je suis maman de 2 enfants (10 et 8 ans). J’habite à la Gaude (La Baronne) depuis presque 7 ans. Nous nous y plaisons beaucoup car notre lotissement est très familial, tous les enfants jouent dans la joie et la bonne humeur pendant que les parents papotent, partagent leurs inquiétudes, leurs doutes et leurs joies !
À la maison nous avons 2 cultures : française et néerlandaise ; mon mari est néerlandais et j’ai vécu 6 ans à Rotterdam aux Pays-Bas. Je suis très attachée aux Pays-Bas car c’est une culture très ouverte sur le monde et qui est aussi très chaleureuse. Le fait d’avoir vécu aux Pays-Bas m’a aussi apporté un autre regard sur la naissance. Il est très important pour moi que mes enfants puissent grandir avec ces 2 cultures.
J’ai travaillé pendant 20 dans l’administratif et il y a 2 ans j’ai décidé de me reconvertir car je ne me sentais plus en phase avec mon travail et mon rythme de vie. Je souhaitais avoir plus de temps pour mes enfants mais surtout faire un métier qui me passionne : travailler au service des mères, des pères, des bébés : des familles.
BIO DANS NOS VIES : Tu es devenue « doula, accompagnante à la naissance », peux-tu nous dire ce qui t’a conduit jusqu’à cette activité ? Quelle formation faut-il suivre pour être accompagnante à la naissance ?
Julie Remery : Mon désir de devenir doula est né d’un manque, le manque d’une présence bienveillante et réconfortante que je ne n’ai pas eu à l’arrivée de mon premier enfant. Même si j’étais sûre d’être bien préparée, quand je suis arrivée à l’hôpital, j’étais perdue : une équipe médicale inconnue (qui peut changer plusieurs fois si le travail dure longtemps), les lieux, le non-respect de mes choix pour moi et pour mon enfant, la culpabilité, les injonctions… Je me suis sentie tellement seule même si mon mari était présent …
Quand j’ai pris la décision de faire ma reconversion professionnelle, j’en ai parlé à une amie en lui expliquant ce que je souhaitais faire, et elle m’a dit « tu sais ce métier existe il s’appelle Doula! Doula… Quel joli et drôle de nom … J’ai donc recherché sur Internet cela a été une révélation ! J’ai rencontré Valérie Dupin (co-fondatrice des doulas de France) de l’institut de Doulas de France , nous avons pris un temps précieux ensemble, elle a écouté mon parcours, mon projet puis m’a expliqué le rôle et l’activité de la Doula avec la future mère, le futur père, la famille… Ce moment inoubliable a validé mon projet.
J’ai donc choisi de faire ma formation par l’Institut des Doulas de France, c’est une formation certifiante et qui s’inscrit dans un cadre légal : https://formationdoulas.fr. Elle est composée de 12 modules répartis sur 10 mois ; c’est plus qu’une formation, c’est un magnifique cheminement, de belles rencontres, des partages de vie, d’expériences et très intense émotionnellement !
Les Doulas de France sont signataires d’une charte. Celle-ci pose la base de notre travail, elle régit ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire au niveau légal et juridique et nous permet ainsi d’avoir une pratique encadrée.
BIO DANS NOS VIES : Que t’apporte personnellement cette activité professionnelle ?
Julie Remery : Je suis authentique. Aujourd’hui je suis une doula avec tout mon expérience de femme, de mère et avec toutes les connaissances nécessaire grâce à ma formation. Pour moi, la transmission, le partage et le lien qui se crée entre les parents et moi sont d’une grande richesse.
C’est un vrai bonheur de pouvoir accompagner les parents sur leur chemin de la parentalité.
BIO DANS NOS VIES : Cet accompagnement permet aux futures mamans de trouver l’équilibre, de se sentir entourée, mais en quoi est-il différent des diverses méthodes que nous aurions pu ici ou là essayer lors de nos grossesses ?
L’accompagnement d’une doula n’est pas une « méthode » ou un truc que l’on peut essayer ; être doula est une manière d’être et non de faire. Il n’existe pas un modèle unique de doula, il y a autant de doulas différentes que de femmes. La doula est une personne qui est au service de la future mère, du futur père et de la famille. Notre accompagnement n’est ni médical, ni thérapeutique, nous n’avons d’ailleurs pas le droit d’accompagner une femme si elle n’a aucun suivi médical.
Mon travail consiste à écouter et à transmettre selon le besoin de chaque parent. A donner toutes les informations aux futurs parents pour qu’ils puissent faire leur choix de manière éclairée sur la façon dont ils veulent accueillir leur enfant. Cette liberté de choix leur permet d’être acteurs de leur accouchement, de leur parentalité. Je suis à l’écoute de leur doutes, questionnements, interrogations et je soutiens leur choix.
Je crois que nous les femmes, nous avons toutes en nous la capacité et les ressources nécessaires pour accoucher. Être accompagnée peut aider la future maman à prendre confiance en elle et en ses capacités. Elle pourra ainsi être actrice de son accouchement et pourra faire ses propres choix le jour J.
Pour le futur papa ou partenaire aussi je peux être un appui et une présence. Bien souvent, les futurs pères n’ont pas de réel espace d’écoute ; prendre ce temps pour les écouter me semble important. Je peux également leur transmettre des outils leur permettant d’être actif le jour J. Je peux accompagner les parents pendant l’accouchement quand l’équipe médicale est d’accord. Pour la maman, avoir une présence rassurante va lui permettre de se sentir en confiance et donc de lâcher prise. Pour le papa, je peux être un soutien : avoir la liberté d’aller et venir sans culpabiliser, l’aider à trouver sa place.
Le retour à la maison est un moment clé, les parents se retrouvent souvent seuls après les quelques jours passés à la maternité. En tant que doula, je peux apporter une aide pratique et quotidienne : soutien à l’allaitement, bain, gestion des ainés voire même des tâches ménagères : tout ce qui pourra soulager les jeunes parents et les aider à prendre confiance en eux . Je peux également être présente pour des moments particuliers tels que rendez-vous chez le gynécologue ou autre spécialiste, IVG, IMG….
BIO DANS NOS VIES : Quels sont les motifs de consultation des futures mamans au départ ?
Julie Remery : Je ne voudrais pas appeler cela une consultation mais plutôt une rencontre. On peut souhaiter être accompagné par une doula pour n’importe quel motif, souvent c’est juste pour être rassuré, écouté et non jugé. Je me déplace au domicile des futurs parents pour les rencontrer chez eux, dans leur intimité, ce qui permet de créer un lien.
Le nombre des rencontres varie en fonction de chaque accompagnement : cela peut être pour le pré-natal, pour la présence à l’accouchement, ou encore pour le postnatal, ou pour tout. Ce sont les parents qui décident selon leurs besoins.
BIO DANS NOS VIES : Pourquoi ce métier n’est-il pas encore assez développé en France d’après toi ?
Julie Remery : En France, nous avons toujours du retard. Mais grâce à internet, notre métier est de plus en plus connu ! Dans d’autres pays européens comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, les doulas sont reconnues et plus nombreuses. Aux Pays-bas, l’accompagnement d’une doula est remboursé par certaines mutuelles ! La sur-médicalisation de l’accouchement et le manque d’information éloignent les futures mamans d’un accouchement naturel et respecté.
En tout cas, l’accompagnement à la naissance a des effets positifs prouvés : 50% de diminution du taux de césarienne, 25% de réduction du temps de travail, 60% de réduction de demande de péridurale, 30% de réduction d’utilisation d’analgésique, 40% de réduction des forceps (chiffres issus de « The Doula book » ; How a Trainer Labor Companion Can Help You Have a Shorter, Easier and Healthier Birth- Marshall, Phyllis Klaus and John Kennell)
Heureusement, aujourd’hui des femmes, des hommes, doulas, sages-femmes, obstétriciens ou professionnels liés à la périnatalité, se mobilisent et se battent pour retrouver une naissance naturelle et respectée. La parole se libère et c’est en train de bouger.
BIO DANS NOS VIES : Quelles sont les ateliers et les activités que tu proposes ?
Julie Remery : En plus de l’accompagnement, je propose aux futures et jeunes mamans
- Des massages pré et postnatals
- Des ateliers massages bébés (je suis instructrice de l’AFMB (Association Française de Massage Bébé)
- L’organisation de blessingway
- Le soin rebozo
Toutes ces prestations peuvent se faire dans mon espace dédié qui se trouve à La Gaude, quartier La Baronne proche de Saint-Laurent-du-Var ou bien je me déplace à domicile, dans tout le département des Alpes-Maritimes et sur Monaco.