Bonjour à toutes, j’ai lu avec attention tous vos partages suite à l’article d’Amandine et j’aimerais partager avec vous ce qui m’anime depuis mon aventure avec les doulas en France à mon retour du Royaume-Uni en 2000 où j’exerçais déjà en tant que doula depuis 1992.
Je suis une des dinosaures de DDF et de lire le ressentiment que certaines d’entre vous expriment envers les femmes de l’association Doulas de France m’a mis dans un premier temps dans un état de sidération puis un sentiment d’injustice a émergé. Je peux entendre que certaines d’entre-vous ne se sentent pas accueillies par DDF, mais la violence de certains commentaires n’est pas acceptable.
Malgré nos différences nous avons toutes à coeur de soutenir les (futurs) parents, les femmes et leurs bébés. Certaines de ces différences sont pour moi incompatibles avec ma pratique de doula, cela m’appartient et il m’appartient également de communiquer, comme d’autres doulas membres ou pas de DDF le font, sur la conception de ce métier que je défends en France depuis 20 ans.
Pour permettre de mieux comprendre la démarche et le travail de toutes les femmes qui ont participé à la construction de l’association Doulas de France je vous invite à prendre un temps pour lire ce texte. J’ai essayé de synthétiser ces 20 dernières années de la vie de l’association.
J’espère que cela rendra sa juste valeur à l’investissement, l’énergie, l’engagement, la responsabilité et l’amour que toutes ont donné sans compter !
C’est long, peut-être à lire avec un petit café ou thé ! ☕️

Doulas de France c’est qui ?🤔

À lire certains retours j’ai le sentiment que nous sommes perçues comme une entité nébuleuse, autoritaire, «anti rebelles» voire réactionnaire qui veut imposer sa loi, sa vision, un peu comme l’institution à abattre !
En vrai, c’est un grand nombre de femmes de tout horizon qui au cours des 14 dernières années se sont engagées (et pour certaines depuis 18 ans), et ont travaillé entièrement bénévolement, de manière collégiale au sein des différentes équipes qui se sont succédées. Elles se sont engagées car elles se reconnaissaient dans la proposition de la définition de la doula de leurs consoeurs de DDF. Ces femmes sont des femmes comme vous, doulas, mères ou pas, avec des convictions, des différences d’opinions, qui souhaitent entretenir des relations de sororité, même si parfois, comme dans tout regroupement de personnes qui travaillent ensemble, il y a des difficultés relationnelles, des incompréhensions, des maladresses et du ressentiment souvent lié à un besoin de reconnaissance qui n’a pas été suffisamment accueilli.
Ces difficultés ne se retrouvent pas qu’au sein de DDF, elles touchent à un moment ou à un autre le monde des organisations de doulas. En tant que représentante de Doulas de France à l’European Doula Network, j’ai pu constater que d’autres organismes de doulas rencontraient à un moment ou à un autre les mêmes problématiques relationnelles au sein de leurs équipes et aussi avec des doulas compatriotes.

Comment ces femmes travaillent ?

Le travail au sein de l’équipe se fait dans la transparence avec des outils de communication (Slack – Vidéo conférences, téléphone…) Cela nous permet de réfléchir/travailler/rédiger ensemble sur toutes les suggestions, demandes extérieures, de répondre aux besoins de nos membres (Gestion et alimentation du site internet, Compta, Newsletter, Présence sur l’annuaire, Adhésions, Journées des Doulas, Évènements locaux, festivals, Marrainage, Équivalence…) en communicant sur le métier, avec la créations de supports visuels/d’information.. pour ne citer que quelques unes de nos actions. Tout ce travail est fait, je le rappelle bénévolement en plus de nos engagements personnels, familiaux. Nous ne tirons aucun bénéfice personnel, toutes les actions que nous menons sont dédiées à faire connaître l’association, à faire la promotion des doulas et à soutenir les actions d’autres associations du monde de la naissance et de la périnatalité. En 2018 les femmes de l’équipe de DDF ont travaillé bénévolement 1230 heures estimées à 30916€ !
NB : L’association ne reçoit aucune subvention ce qui garantit son indépendance.

La fameuse charte! 🤓

C’est une proposition que DDF fait pour les doulas qui souhaitent rejoindre l’association et c’est aussi une réalité qu’elle ne ne convient pas à toutes les doulas qui pratiquent en France. La liberté de choisir comment on souhaite pratiquer est liée à la prise des responsabilités qui en découle. Beaucoup de doulas qui ont fait le choix de ne pas devenir membre de l’association respectent pour autant la législation française et s’inspirent de la charte de DDF. Cela est très réconfortant pour moi à titre personnel et aussi en tant que membre de l’équipe car cela implique que l’approche de DDF est une évidence pour un grand nombre de doulas. J’ai choisi tout comme un très grand nombre de femmes de respecter le cadre légal français car je suis convaincue que c’est un engagement citoyen qui protège les parents de dérives et d’emprises et le seul moyen pour que les doulas soient «acceptées» et un jour peut-être reconnues en France.

DDF n’a pas sorti la charte de son chapeau pour s’approprier le métier !

Pourquoi et comment elle a été élaborée ?

Peut-être que de remonter dans le temps permettrait de mieux comprendre ce qui a amené à sa création.
Dans un premier temps au début des années 2000 création d’un collectif «Doulas de France» puis en février 2006 de l’association professionnelle «Doulas de France» pour formaliser notre engagement.
Le collectif regroupait toute personne qui proposait une forme d’accompagnement de la naissance émergeant en France. Au fur et à mesure des échanges via les listes/forum de discussion, de très grandes disparités dans les pratiques ont émergées. Certaines éloignées de l’accompagnement car thérapeutiques, d’autres très inquiétantes : de proposer d’être à un accouchement sans la présence d’une sage-femme ou de pratiquer l’accouchement, certaines faisant des TV, certaines donnaient des conseils médicaux / faisaient des diagnostics /proposaient des traitements alternatifs sans conseiller de consulter des professionnels de santé, d’autres donnaient des recommandations spirituelles, religieuses, certaines avaient des propos homophobes, eugénistes ou anti IVG…
En parallèle au cours de ces années l’association et les doulas en général ont été accusées de pratiques sectaires par la Miviludes, menacées par le Conseil de l’Ordre National (et divers conseils régionaux) de l’Ordre des sages-femmes de pratique illégale du métier de sage-femme.
Face à ces dérives et aux attaques les membres du collectif se sont penchées sur comment un « cadre » qui s’appuierait sur la législation française pourrait baliser une activité professionnelle autour de la naissance. La fameuse charte a été finalisée collégialement en mars 2006 après la création de l’association Doulas de France en février 2006.
J’ai fait partie de celles qui ont épluché les textes de loi du Code de la Santé publique/Pénal, c’était pas bandant ! Mais très intéressant tout de même car il s’est avéré qu’il était possible avec les textes de lois déjà existants de délimiter légalement notre activité de doula/accompagnante.
Nous avons aussi fait appel à un avocat spécialisé dans le droit de la santé pour faire valider notre charte.

Sur quoi la charte est fondée ?

« Nul n’est censé ignorer la loi »
Elle est basée sur toute une série de textes de loi issus du Code de la Santé publique (Articles : Loi n°2004-806 (article 146 VII) – L4151-1 et -2 L4161-3 et -4 et -5 Pratique illégale de la médecine, du métier de sage femme encadrement de l’accouchement, le suivi de grossesse et du postnatal) et aussi du Code Pénal (Articles : 121-3/ 223-5 223/6 223/7 223/15-2 section 6 bis qui couvrent : Non assistance à personne en danger, Mise en danger délibérée de la personne, De l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse – la femme enceinte est considérée en France comme étant dans un état d’ignorance ou de faiblesse)
Choisir de pratiquer en dehors de ce cadre, cad en accompagnant les parents à travers le prisme des ses propres croyances et convictions quelles qu’elles soient (comme se sentir légitime ou être perçue comme telle : de proposer sa présence au domicile des parents pendant le travail/pour l’accouchement sans la présence d’une sage-femme ; de donner son avis sur une situation médicale concernant l’état de santé de la femme ou de son bébé ; de donner une dimension spirituelle/religieuse non partagée par les parents ; de donner une interprétation psychologique aux difficultés que rencontrent la femme/les parents ; de mettre en avant ce que l’on croit est le mieux pour la femme/son bébé/les parents et ne les informer que dans ce sens, les poussant ainsi vers un choix qui n’est pas le leur, de donner des informations qui ne s’appuient pas un consensus scientifique …) est un chemin qui peut mener à des situations qui mettraient en danger la santé de la mère/de son bébé, qui induisent un manque de neutralité et de respect vis-à-vis des parents que l’on accompagne et donc de les influencer dans des prises de décisions fondamentales dans la construction de leur famille.
En tant que doula il est nécessaire de se questionner sans cesse sur l’impact de notre présence auprès des parents, qu’il soit positif ou négatif et de réajuster son accompagnement en s’assurant que ce sont bien les besoins, les désirs, la sécurité des parents qui sont au centre de nos interactions avec eux.

Il a été rapidement constaté que de demander aux membres doulas de DDF de s’engager à respecter la charte en la signant ne suffisait pas à apprécier pourquoi, ni son importance. C’est pourquoi en 2007 une session de 2 jours d’informations a été élaborée et animée initialement dans plusieurs villes de France par Charlotte Marchandise, Pascale Gendreau et Valérie Dupin.
Ces 2 jours étaient connus dans un premier temps sous l’appellation «Module Positionnement, Éthique et Philosophie de la Doulas de DDF» puis, plus récemment sous le nom de «SIPED – Session d’Information sur le Positionnement et l’Éthique de la doula de DDF».
C’est devenu en 2008 un des requis pour toute doula désirant rejoindre l’association en tant que membre Doula. C’est aussi proposé à toutes femmes désireuses de s’informer sur le métier de doula, tel que DDF le propose, avant de s’engager dans une formation.

Un socle de connaissances commun «Le Cursus de formation de base»

(pause 🍫!)

Une demande de professionnalisation et de reconnaissance de l’activité de la doula venant des doulas, des parents et aussi d’autres acteurs de la périnatalité (professionnels de santé et associations) ont émergé. Une des premières démarches pour faire reconnaître un métier est de définir une formation, car en France pour qu’un métier soit reconnu il est nécessaire qu’un cursus de formation soit défini et spécifique à ce métier. C’est à ce moment là, 2005-2006, que le collectif DDF en consultation avec des organismes qui formaient en France des doulas/accompagnantes à la naissance (avec entre-autres ALNA-ELAN dont l’une des fondatrices a ensuite créé le CEFAP, Mère et Monde organisme Canadien qui venait former en France …), ont commencé à travailler ensemble sur la création d’un «cursus de formation de base». Ce cursus définit ce qui devrait être inclus dans une formation de doula/accompagnante pour appuyer la professionnalisation de cette activité.
DDF était aussi en lien avec des organismes de doulas européens (dont Doula.UK) pour s’informer de ce qu’ils avaient mis en place pour la reconnaissance des doulas dans leurs pays, des requis demandés aux doulas pour rejoindre leurs organismes etc.
Le cursus de formation de base est donc une proposition faite aux organismes de formation de doulas/accompagnantes (DDF ne proposant pas de formation) d’inclure dans leur programme de formation les thématiques et le nombre d’heures de ce cursus.
Ce cursus a été finalisé en 2006 et présenté aux Journées des doulas 2007 .
A présent toute femme désirant rejoindre notre association en tant que Membre Doula doit avoir fait une/des formation-s qui valide son contenu.

C’est une proposition de contenu à adopter par les organismes qui forment des doulas/accompagnantes en France toujours pour permettre aux personnes qu’ils ont formées d’obtenir une qualification en vue d’une reconnaissance de ce métier.
DDF a communiqué ce Cursus de base à des organismes de formation francophones qui venaient former en France dès 2011, en proposant de travailler sur les possibilités d’équivalences. DDF est en lien avec l’AQAN (Association Québécoise des Accompagnantes à la Naissance) en 2016 nous leur avons communiqué notre Cursus de base de formation sur lequel elles se sont basées pour élaborer le leur en l’adaptant au contexte québécois.
Via l’EDN (European Doula Network) le cursus (en anglais) a été diffusé à tous les organismes de formation de doula européens.
DDF travaille depuis 2006 dans le désir de créer des ponts avec des organismes européens et internationaux de doulas (de formation ou d’association) et de se fédérer.

«L’éternelle confusion entre Doulas de France (DDF https://doulas.info/) et l’Institut de formation Doulas de France (IDDF https://formationdoulas.fr/)» 😎

L’association Doulas de France a pour vocation de fédérer les doulas autour de sa charte, de faire la promotion du métier.
L’institut de formation Doulas de France a pour vocation de proposer des formations autour de la périnatalité, la parentalité, la maternité et la féminité.

L’Institut de formation Doulas de France a été créé en 2008 (NB : 2 ans après la proposition du Cursus de base de DDF).
C’est suite à la demande de doulas en devenir, de parents aussi, d’avoir une formation qui soit basée sur la charte de l’association Doulas de France et aussi sur sa philosophie de l’accompagnement que 5 femmes (Amandine Ampilhac, Charlotte Marchandise, Pascale Gendreau, Valérie Dupin et Yanick Revel) membres actives au sein de DDF ont décidé de créer un autre organisme à vocation unique de former, distinct et indépendant de l’association Doulas de France (car je le rappelle l’association Doulas de France n’a pas de vocation à former, et ne favorise aucun organisme de formation).
La formation qui valide le Cursus de base de formation de DDF a été créée et dispensée par Charlotte, Pascale et Valérie à partir de mars 2008.
Pourquoi ce nom qui trouble tant ?
Le nom «Institut de Formation Doulas de France» a été choisi car il émanait directement de l’association Doulas de France par son choix de mettre en avant la philosophie et la charte de l’association Doulas de France et les fondatrices étaient des membres actifs au sein de DDF. C’est aussi par soucis de transparence, ne pas publiquement afficher ce lien «filial» avec DDF aurait pu aussi être sujet à controverse en reprochant à ce nouvel Institut de «dissimuler» ses liens avec l’association Doulas de France.
Il est suggéré de manière récurrente de changer son nom pour éviter la confusion. Le débat continue, il y a du pour et du contre!
Pour moi IDDF est la petite soeur de coeur de DDF !

Merci beaucoup 🙏d’avoir pris le temps de lire ce texte et j’espère qu’il vous aura permis d’apprécier l’enchaînement d’évènements et d’actions qui a construit l’association Doulas de France.
Belle continuation à toutes. Bien chaleureusement,
Valérie Dupin
Cofondatrice et coprésidente de l’association Doulas de France
Cofondatrice et formatrice de l’Institut de formation Doulas de France