Cette année le weekend European Doula Network (EDN) était organisé par l’association des Doulas Polonaises (Doula w polsce Stowarzyszenie) et étaient présentes des associations et formations de doulas de Pologne, Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Espagne, Grande Bretagne, Grèce, Islande, Lituanie, République Tchèque, Russie, Suisse et France !

Du vendredi après-midi au dimanche après-midi, nous avons partagé des séminaires, des ateliers, des repas et autres bons moments.

Tout a commencé par une présentation de chacune et de la pierre qu’on nous avait demandé d’apporter de chez nous. Nous devions poser cette pierre dans un panier en expliquant ce que nous amenions comme intention à cette rencontre : la joie, l’amour, le feu, la sororité etc. Cette première prise de contact fut un moment de partage fort et drôle avec de nombreuses pierres cœur et une pierre « mamelon » venant d’Angleterre !

Ensuite Mary Kalau, doula exerçant en Grande Bretagne a fait une présentation sur les huiles essentielles doTERRA, le mode de fonctionnement, l’importance de la qualité des huiles, du respect des producteurs de cette marque, comment et quand les utiliser. Elles sont très utilisées par les doulas anglo-saxonnes, les sages-femmes etc. Les utiliser correctement demande une véritable connaissance du sujet et les modes d’administrations varient selon si la personne est enceinte, en train d’accoucher, a un enfant, selon les gouts et dégoûts… Nous rappelons qu’en France, l’utilisation des huiles essentielles par les doulas n’est bien entendu pas du tout possible, car il s’agit d’une pratique thérapeutique.

 

EDN European Doula Network 2017

Nous avons pu ensuite présenter à tour de rôle nos associations et organismes de formation :

Grèce

Les doulas sont réparties essentiellement sur Athènes et Salonique. Quelques doulas très isolées trouvent difficile cet isolement. Actuellement elles voudraient créer leur propre formation pour qu’elle soit adaptée au pays (souvent formées par Dona). Les premières doulas avaient été formées par des sages-femmes qui leur avaient enseigné des pratiques médicales, ce qui a créé des problèmes, d’où Dona et maintenant leur souhait d’une formation propre.

Suisse

Les doulas existent là-bas depuis 23 ans, elles sont très bien acceptées dans les hôpitaux et ont leurs propres formations, dont une francophone assez poussée (pendant la formation, l’étudiante doit être présente à un accouchement et faire remplir des questionnaires aux parents et au personnel médical pour avoir un retour sur ce qu’ elle a fait). Il manque de doulas ! Question du moment : une doula doit elle être mère ?

Lituanie

Cela fait 3 ans que l’association existe et regroupe 15 doulas pour une cinquantaine de formées. Peu de doulas voient quel bénéfice il y a à faire partie du réseau européen. Manque d’enthousiasme au sein de l’organisation car certaines doulas sont trop « âgées ».

Croatie

Les conditions de naissance sont mauvaises, les cours prénataux dispensés par les professionnels de santé sont axés sur ce qui est bon pour eux et non pour la mère et l’enfant. Des femmes se sont donc réunies en association « right in childbirth » pour informer les femmes de leurs droits, la réalité de la naissance naturelle et donner des informations simples. L’écart entre les protocoles et les besoins est énorme. Cette campagne d’information a débouché sur un slogan « turn your but to the midwife » (tournez le dos à la sage-femme) qui a rencontré un fort succès. Actuellement une centaine de doulas dont une vingtaine dans leur association.

République Tchèque

Deux associations, une avec 15 membres et l’autre avec 70 membres. Chaque association a son programme de formation et n’accepte pas les doulas ayant fait la formation de l’autre association. Le programme de formation est assez long (de 1 à 2 ans) et est reconnu dans les hôpitaux. Ces derniers demandent à voir les cartes quand les doulas viennent pour savoir quelle est leur formation et comment elles travaillent. Actuellement elles sont dans une situation difficile car l’association créée en 2006 était gérée par une personne qui décidait de tout et cette dernière a subitement tout laissé l’année dernière, les autres membres sont encore en train de découvrir comment on gère une asso, comment fonctionnait la leur etc. Elles font face à des problèmes d’éthique (partage de photos des clientes sur FB etc.) et ont grandement besoin d’aide pour refaire la structure de l’asso.

Allemagne

Il existe 2 associations dont Doulas in Germany qui a formé 480 femmes et a 160 membres actifs. La formation dure un an et comprend la pratique en hôpital avec une sage-femme.

Islande

L’association existe depuis 2015, elle a un code éthique et 15 membres. Il y a aussi 8 doulas certifiées sur l’île mais pas dans l’association. Il y a des maisons de naissance et 2% de naissance à domicile. La formation dure 8 mois et peut être étalée sur 2 ans maximum. Elles suivent la formation Dona. Les protocoles hospitaliers n’autorisent qu’une seule personne en salle mais vu le peu de sage-femme en Islande, tout le monde connait tout le monde et au final les doulas sont en général acceptées en plus dans la salle.

Espagne

Il existait de nombreuses associations et formations (5 en 2014, 2 maintenant) mais suite à la campagne de dénigrement d’il y a 2 ans, certaines associations ont disparu ou sont en train de disparaitre, idem pour les formations. Parmi les survivantes : la Red Circular des Doulas qui fonctionne sans hiérarchie de même que l’organisme de formation Quiero ser doula. En 2015 elles ont formé 9 personnes, 20 en 2017 et pour 2018 le nombre devrait être supérieur à 20 avec 3 sessions par an. Elles ont beaucoup de demande de formation provenant de femmes sud américaines prêtes à faire le voyage, du coup alors que jusqu’à présent elles étaient contre la formation en e-learning, elles l’envisagent sérieusement.

Grande-Bretagne

Leur association est grosse (700 membres) mais elles ont les mêmes soucis que dans les petites associations au niveau gestion, motivation etc. Actuellement il existe 9 centres de formation « publique », plus des indépendantes. Les formations varient de 3 jours à 9 mois. Elles ont un programme de mentorat. Le gouvernement tend à privatiser les structures et diminue les fonds ce qui est en train de dégrader le système de santé. Il y a de plus en plus de doulas postanatales car c’est dans le postpartum que les fonds ont le plus diminué.

Autriche

La profession de doula est officiellement reconnue comme métier mais il n’y a pas d’obligation de formation, tout le monde peut se dire doula. Elles sont très actives sur le net, dans les réseaux sociaux, youtube, ont une chorale qui fait des spectacles, vend des CD et beaucoup d’objets commerciaux ( t-shirts, tasses etc.). En 2006 Angelika Rodler a lancé une formation qu’elle offre chez elle dans un lieu apparemment particulièrement inspirant et agréable. À ce jour, 400 à 500 doulas formées sont très impliquées dans le féminin, pas seulement dans la naissance. Soixante doulas sont très actives et accueilleront les rencontres EDN de 2018. Elles vont essayer de faire en sorte qu’il y ait une traduction pour que plus de doulas francophones puissent partciper à cet évènement qui est ouvert à tous les membres des associations qui sont membres.

Russie

L’association est récente (2015). La formation se fait par internet car vu la superficie du pays et le peu de formation disponible, il serait impossible de faire une formation en direct. La formation comprend des cours théoriques mais aussi des échanges en direct, des devoirs, des webinars. Elles suivent les standards européens pour leur formation qui se fait sur 40 semaines. Elles sont autorisées à faire des formations en milieu hospitalier. Le métier n’est pas reconnu officiellement mais elles sont connues.

Pologne

Actuellement 170 membres dans l’association, créée en en 2011. La plupart sont doulas en hôpital et il en manque. Il y a 2 à 3 sessions de formation par an qui se passent dans une école privée pour l’instant et une autre devrait le proposer aussi rapidement. L’association propose des conférences sur différents sujets. Le métier de doula est officiellement reconnu par le gouvernement mais elles sont encore mal acceptées en structure selon les régions car parfois elles sont mal vues par les sages-femmes. À ce jour il y a 30 doulas certifiées, pour cela elles doivent être présentes à 3 accouchements par an. Pour se faire connaitre du public, chaque année elles choisissent un slogan et le font imprimer sur des sacs pour sensibiliser le public : « Si vous voulez en savoir plus sur les doulas, demandez-moi… ».

France

L’association Doulas de France (DDF) a une approche identique depuis plusieurs années pour valider les formations de doulas françaises ou étrangères (rappel : DDF ne dispense pas de formation). L’équipe équivalence étudie avec les doulas en demande de rejoindre DDF si la/les formations qu’elles ont faites valident entièrement le cursus de base DDF. Si ce n’est pas le cas elle leur indique les notions/thématiques qu’elles doivent valider auprès de l’organisme de formation de leur choix (sous condition que le contenu et le positionnement respectent la charte de DDF). Les formations médicales (sage-femme, infirmière etc.) ne sont pas validantes car le positionnement d’un professionnel de santé ne correspond pas à celui de la doula de DDF. L’activité de la doula est dans le cadre du service à la personne et pas dans le cadre médical. Les formations en ligne ne sont pas reconnues car pour DDF l’activité de la doula s’effectue dans le cadre d’une relation d’aide d’intimité : échange, partage avec les parents, chez eux « en chair et en os » et cela ne peut pas être transmis lors d’une formation en ligne qui serait beaucoup plus empirique et pas favorable aux échanges, partages d’expérience entre plusieurs stagiaires qui émergent lors des rencontres « physiques » des autres formations. Cela est pour nous au cœur de la transmission de femme à femme, de parents à parents. Cette attitude, positionnement est pour DDF le socle d’une formation de doula. La doula en demande d’équivalence doit aussi effectuer les 2 jours de sessions d’informations DDF sur le Positionnement, éthique, valeurs de la doula de Doulas de France (16h) :

  • Contexte juridique
  • Éthique, valeurs, qualités d’une doula
  • Bienfaits de l’accompagnement à la naissance
  • Limites personnelles et professionnelles
  • Débriefing, cadre dans l’exercice
  • Création d’un réseau de soutien
  • Travail en lien avec les professionnels de la périnatalité et les associations

Dans un souci d’équité ces conditions sont donc les mêmes pour les doulas ayant effectué une formation à l’étranger.

Il y a aussi le problème de formations de doulas francophones qui viennent former des femmes en France qui ne valide pas le Cursus de Base, ne respecte pas la charte de DDF (qui se base sur les textes de loi français pour que la doula reste dans le cadre d’une activité légale en France) et qui de plus ne soutiennent pas les doulas une fois qu’elles ont fait leur formation. Cela induit que ces doulas pratiquent en électrons libres, isolées, parfois avec des pratiques hors la loi, sans possibilité de débriefer leurs accompagnements, leurs pratiques. Cela est inquiétant pour nous car cela peut mettre en danger le futur de cette activité en France.

DDF est très intéressée pour participer à des échanges réciproques avec les autres organismes de doulas européennes en ce qui concerne la transmission, les outils, les compétences, les supports etc pour nous soutenir mutuellement dans l’enrichissement des formations, de la communication, du « marrainage ».

Il y a de plus en plus d’ouverture envers les doulas de notre association de la part des professionnels de santé : sages-femmes, maternités, médecins, obstétriciens, psychologues, ostéopathes, organismes de soutien à la parentalité. Ceci grâce au cadre de la charte, au positionnement de la doula de DDF et à la formation basée sur le cursus de base.