À sept mois, l’enfant à naître est presque entièrement formé dans l’utérus maternel. A travers le monde et à travers les époques, le septième mois de grossesse est souvent marqué par des cérémonies ou fêtes particulières célébrant le développement de cette nouvelle vie : Dine Bizzaad (Blessingway) chez les Indiens Navajo, Cha de bebe au Brésil, Façadura en Turquie, Stork Party (Fête de la cigogne) en Afrique du Sud, Valaikappu ou Pauch Masian en Inde, « Rituel de la fontaine d’eau » au Japon…
Certaines doulas proposent aux futures mamans qu’elles accompagnent de célébrer ce moment si elles le souhaitent, à leur manière, en se réappropriant certaines coutumes, en les adaptant à leurs propres envies, en inventant celles qui leur correspondent. L’idée principale étant que la future maman soit fêtée et vive un moment « pour elle », rassemblant des personnes qui lui sont chères, profitant de ce moment particulier d’avant la naissance.
Quelques exemples à travers le monde
En Indonésie, la fête traditionnelle javanaise a lieu chez la future grand-mère, mettant l’accent sur la sagesse et l’expérience de la maternité transmise de mère en fille à travers les générations. Sur la table sont dressées sept pyramides de riz représentant les sept mois de la grossesse. Huit ou neuf boulettes de riz symbolisent les saints qui introduisent l’islam en Indonésie. Une grande pyramide de riz est censée donner une force symbolique au bébé.
Au cours des cérémonies, les invités exécutent souvent des tâches symboliques associées à la naissance à venir. Père, sage-femme, belle-mère, amis, tous ont un rôle à jouer, créant pour la première fois ce réseau de soutien qui guidera l’enfant dans la vie.
En Inde « Valaikappu » est une cérémonie extrêmement populaire accomplie lors du 7e mois dans la maison de la future grand-mère maternelle. Au programme : prières pour le bien-être de la maman et celui du bébé et offrandes.
Au Maroc, on célèbre aussi le 7e mois de grossesse. Parents et amis fêtent l’arrivée de la descendance avec de la musique, le traditionnel henné et la « kemoussa » : porte bonheur accroché à la cheville de la future maman.
« On dit que le henné est signe de bonne chance. Une tache de henné dans le creux de la main droite est particulièrement efficace contre le mauvais oeil ou le mauvais sort.
Ces ornements sont censés protéger des mauvais esprits et de la maladie. Ces qualités symboliques renvoient sans doute aux vertus reconnues du henné : cicatrisantes, hydratantes et désinfectantes. La symbolique des motifs utilisés renforce ce sentiment. Sans oublier que c’est la représentation d’un sentiment intérieur qu’est le bonheur d’être enceinte. Aussi il est souvent utilisé pour adoucir la peau et surtout chez la femme enceinte qui connaît pas mal de transformations au niveau de son corps. »
Chez les indiens Navajo, il s’agit d’une réunion de femmes autour de la future maman, pendant laquelle on chante des chants afin d’amener l’harmonie autour de la future maman et de chasser les mauvais esprits, on entoure la future maman. A cette occasion, habituellement on n’offre pas de cadeaux, il s’agit d’une réunion spirituelle uniquement.
En Iran, un rite placé sous le signe du 7, porte bonheur. Les parents de la future maman préparent le trousseau. On offre 7 vêtements, 7 chapeaux, 7 écharpes, 7 couches, 7 biberons…
Aux États-Unis, la tradition apparaît au début du 20e siècle, c’est au moment du baby-boom que cette fête se généralise. Rares sont les Américaines à ne pas avoir eu de Baby Shower pendant leur grossesse. A l’initiative des amis, de la famille, du conjoint, des collègues…
Ce mot a un double sens : faire un show à la future maman mais aussi « shower » au sens de douche, on arrose la maman de cadeaux.
Liens :
- Réseau canadien pour la santé des femmes (français)
- Hanksville, Blessingway (anglais)
- Discover Navajo (anglais)
- Le blessingway de Kendra et les photos prises ce jour-là
Le blessingway de Lucille
Ce témoignage fait suite au blessingway de Lucille, organisé par Simon, Olivia, Adriane et Anne. Les textes de sont ceux issus des conversations pour le préparer, et des écrits que les femmes présentes ont bien voulu faire parvenir à Simon. Mille merci à eux tous, pour le partage et cette magnifique expérience.
Simon (le papa)
« Un Blessingway, en gros c’est une fête ou rituel organisé en l’honneur de la future maman. L’origine vient des Indiens Navajo d’Amérique du Nord. En l’honneur de cet événement merveilleux qui est la venue au monde d’un nouvel enfant. Cela peut se dérouler de différentes manières : ça peut être prévu ou être une surprise, chez nous ou chez des amies, avec ou sans les hommes, à l’intérieur ou à l’extérieur, ça peut être très simple ou avoir un thème précis.
Le but étant la célébration de Lucille comme femme et comme amie et de l’accompagner dans son aventure en tant que mère de deux enfants. De soutenir son voyage à travers la naissance, et qu’elle puisse se souvenir de toutes les femmes qui ont traversé un accouchement avant elle.
D’apporter à la mère des souvenirs d’une vraie preuve de support des ces amies. »
Déroulement
Olivia est la maîtresse de cérémonie, elle présente à Lucille comment va se passer ce moment et assure le lien.
Anne est la maîtresse de maison, elle veille aux détails qui permettront la réussite de la cérémonie ainsi qu’au confort de Lucille.
Adriane est la reporter, elle prend les photos et les mettra ensuite à disposition de chacune.
RDV à 14h chez Lucille. Lucille va se préparer, enfiler une tenue confortable.
Pendant ce temps Adriane nettoie la pièce, Olivia allume de l’encens, Anne installe un petit drap blanc au centre de la pièce, qui accueille les accessoires : bougeoir et bougies et briquet, lys et vase, étoile apportée par Olivia (symboles du feu, eau, terre, air).
Olivia met en route la musique puis accueille Lucille.
Lucille allume les bougies.
Chaque femme s’adresse à Lucille et lui remet une enveloppe personnelle avec un petit mot, une carte, éventuellement un petit cadeau et une perle choisie avec attention
Lucille fait son collier :
Chaque personne participant choisit une perle (2 ou 3 si cela a une signification) ou un objet pour un collier. On peut choisir une perle ou un objets venant d’un vieux collier, que l’on garde depuis des années en attendant la bonne occasion pour s’en servir. On peut passer un moment avec la perle dans ses mains, en y mettant de bonnes énergies, de bons voeux pour un bel accouchement et pour un bébé en bonne santé. Ensuite on envoie la perle à la personne qui centralise, accompagnée d’une description (à quoi elle ressemble, pourquoi le choix de cette perle et toute autre chose que l’on souhaite écrire). Une fois toutes les perles reçues la personne qui l’a fabriqué l’envoie ou le donne en personne à la maman. Le montage du collier peut également se faire en sa présence. La future maman peut ensuite le porter durant l’accouchement. Il symbolise la force de toutes les personnes qui ont participé à le fabriquer.
Le collier de Lucille a été fait pendant la cérémonie, chaque personne a amené sa perle et un mot avec et lui a remis personnellement.
Olivia accroche le collier autour du cou de Lucille.
Olivia propose les activités au choix de Lucille :
Massage des pieds, mains, nuque
Coiffure avec couronne de lierre et de fleurs
Repassage de son linge, ménage ou autre tâches
Buste en plâtre (appelé bellycast)
Un moulage est fait sur la femme enceinte. Il est fait de plâtre. Cela a un effet exaltant pour la femme. Tout le processus du début jusqu’à la fin est une expérience unique. Le moule peut être fait dans un studio d’arts ou par des personnes proches à l’aide d’un kit tout prêt. Une fois le moule fini et séché, la mère peut ensuite le peindre ou le laisser tel quel.
Liens :
Midwifery
http://www.bodymask.fr/ : site d’un professionnel qui propose de réaliser l’empreinte
Exemples de décorations :
Canadian doulas
Proud body
La cérémonie se finit par un goûter pour lequel chacune apporte sa spécialité. Les hommes et les enfants sont alors bienvenus.
On range et on regagne nos demeures respectives
Témoignage de Lucille : « Mille mercis »
« Merci d’abord à toi, Simon, mon compagnon de route, mon amour. C’est un cadeau immense que tu m’as fait : plonger dans la mère que je suis pour en approcher un peu les profondeurs, et t’effacer ensuite pour me permettre de vivre cette expérience entre femmes.
Merci à toutes, amies, mère, doula et sage-femme… Merci pour vos pensées affectueuses… Merci d’être là.
Le blessingway a été pour moi un rituel qui a célébré la femme que je suis, qui m’a ancrée dans mon être et dans le monde.Le collier de perle est ce qui m’a le plus touchée. Je le porterai le jour de mon accouchement, en pensant aux femmes qui me l’ont offert et fabriqué. Protégée et entourée, au cœur de ce cercle auquel j’appartiens, à cette lignée de femmes qui donnent la vie depuis la nuit des temps, pleine de force et de confiance.
Mon choix d’accoucher à la maison est une aventure à la fois extraordinaire et déroutante, lumineuse et obscure. Une tempête qui m’a fait chavirée, qui m’a entraînée dans les profondeurs de mon âme. Un voyage au sein de moi-même, à travers le temps. Je me suis apprivoisée, reconnue, aimée, respectée. J’ai appris à pleurer, à lâcher prise. J’ai pardonnée à la petite fille blessée que j’étais et je l’ai laissé partir… Je suis née à moi-même, femme et mère. Je suis devenue la Terre fertile. Je suis devenue les saisons, avec leurs cycles. Je suis devenue le Soleil, la Lune, les étoiles. Je suis devenue la Vie.
Le bellycast a été une expérience très forte : une empreinte de mon corps plein de mon bébé… un souvenir de ces mois où nous ne faisions qu’un… une préparation au jour où nous serons deux : toi que j’ai porté, moi que tu as porté, parce que donner c’est aussi recevoir. »