Souvent marginalisées en France, elles apportent pourtant un soutien émotionnel rare et méritent d’être reconnues.
Un proverbe africain dit : “Il faut un village pour élever un enfant”. Une idée qui résonne avec une force particulière dans un monde où les femmes n’ont jamais eu autant de rôles à assumer à la fois et où l’annonce d’une grossesse et son flot de bouleversements peuvent laisser les futures mères passablement déboussolées. Au point que de plus en plus d’entre elles décident de s’en remettre à une “doula”. Réflexe courant outre-Atlantique et chez les stars (Ashley Graham, Nicole Kidman ou Meghan Markle l’ont officiellement admis) mais qui reste encore inhabituel, voire tabou, en France.
Pourquoi les doulas sont marginalisées en France alors qu’elles jouent souvent un rôle clef pour soutenir les femmes enceintes?
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Par Jade Simon
Souvent marginalisées en France, elles apportent pourtant un soutien émotionnel rare et méritent d’être reconnues.
Un proverbe africain dit : “Il faut un village pour élever un enfant”. Une idée qui résonne avec une force particulière dans un monde où les femmes n’ont jamais eu autant de rôles à assumer à la fois et où l’annonce d’une grossesse et son flot de bouleversements peuvent laisser les futures mères passablement déboussolées. Au point que de plus en plus d’entre elles décident de s’en remettre à une “doula”. Réflexe courant outre-Atlantique et chez les stars (Ashley Graham, Nicole Kidman ou Meghan Markle l’ont officiellement admis) mais qui reste encore inhabituel, voire tabou, en France.
Pourquoi les doulas sont marginalisées en France alors qu’elles jouent souvent un rôle clef pour soutenir les femmes enceintes ?
Un mot d’origine grecque dont Elsa Uzan, doula passionnée, rappelle le sens ancestral : “Elle incarnait la figure féminine qui se tenait autrefois auprès de la femme qui met au monde son bébé, aux côtés de la sage-femme.” Aujourd’hui, cette présence se réinvente, elle accompagne, au sens large du terme, une femme ou un couple, durant la période périnatale. Certaines dès la préconception (que l’on nomme fertility doulas, dans le cadre de fécondations in vitro, par exemple). D’autres à partir du moment où la grossesse est entamée, jusqu’à l’accouchement puis le post-partum. Contrairement au corps médical (médecin, infirmière, gynécologue…), elle ne pratique aucun acte relevant du code de santé publique. Mais elle vient en complément s’adapter, épauler, soutenir en fonction des besoins et des envies de chacune. Une dernière étude de l’OMS révèle notamment qu’un tiers des femmes éprouvent des problèmes de santé durables après l’accouchement (dont 24 % souffrant d’anxiété et 17 % de dépression). Leslie Lucien, autre doula experte, précise “au-delà de l’écoute, elle offre des outils précieux, comme l’hypnose périnatale, la relaxation, le massage et tant d’autres choses.” Un accompagnement personnalisé complexe à définir car précisément entièrement sur mesure. La fréquence de ses interventions, leur durée et leur nature sont ainsi variables. De quelques séances ponctuelles à hebdomadaires, sur deux mois ou un an, son spectre est large.
Elle va aussi bien aider à organiser la suite en identifiant les professionnels de santé à contacter que de prodiguer des soins selon ses formations personnelles avant, pendant et après : le rebozo qui aide à resserrer le bassin et soulager les articulations, la sophrologie pour apprendre à mieux respirer et être plus sereine au moment T, la mise en pratique avec le partenaire de positions visant à soulager les contractions… Le maître-mot est de rassurer et de donner confiance à la mère, tout en soulageant, autant que possible, sa charge mentale. Une façon, finalement, de revenir aux fondamentaux, lorsque l’on vivait en tribu et que d’autres personnes dans le foyer prenaient le relais. Comme quand certaines viennent cuisiner, s’occuper du bébé pendant que la mère prend un bain, se promène ou remplit l’inévitable to do list. Elle instaure aussi une parole libre pour échanger, évoquer le sommeil, la relation à l’autre ou les émotions. Elle invite à être indulgente et patiente durant cette période parfois complexe. Tant et si bien, qu’il se joue en cette rentrée 2025, une volonté cruciale et salutaire pour elles, de se structurer et de se donner un cadre éthique via plusieurs associations, dont celle des Doulas de France. On estime d’ailleurs que moins de 5 % des naissances en France sont accompagnées d’une doula contre 60 % aux États–Unis. Suivant ainsi leurs consœurs canadiennes, comme Isabelle Challut au Québec, fervente défenseuse du rôle social qu’elles occupent. Plus visibles, mieux comprises, elles ne pourront qu’apporter une aide émotionnelle encore plus riche et douce. Rappelant que la maternité est aussi un temps de transformation profond, doublé du sentiment réconfortant pour les mères de ne plus jamais se sentir seules durant cet événement fondateur.
Par Jade Simon
