Nous, personnes soignées, usagères, soignantes et avant tout citoyen·ne·s, appelons à une véritable reconnaissance et revalorisation de cette profession essentielle dans l’accompagnement des femmes dans leur santé reproductive et sexuelle.
Exerçant une profession médicale à part entière, les sages-femmes accompagnent les femmes lors de la grossesse et de l’accouchement, mais aussi tout au long de leur vie. Spécialistes de la physiologie, elles savent déceler les pathologies qui peuvent amener à diriger leurs patientes vers un.e spécialiste. Au vu de leurs compétences professionnelles reconnues par la loi, elles sont les plus à même d’accompagner toutes les femmes dans leur santé sexuelle (contraception, frottis, IVG).
Face à la légitime colère des citoyen.ne.s devant la fermeture massive des maternités, Mme Buzyn a assuré vouloir « trouver une solution pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité », annonçant alors la volonté du gouvernement de s’appuyer sur les sages-femmes. En réponse, cinq structures nationales représentatives de la profession lui ont écrit pour affirmer plusieurs revendications.
Nous souhaitons à notre tour nous exprimer et demander :
Que sages-femmes et usager.e.s soient parties prenantes des discussions sur la périnatalité en France
Les sages-femmes doivent participer, avec les usager.e.s, aux réflexions et discussions devant être menées, au vu des craintes entourant l’univers de la naissance actuellement: fermeture de maternités, apparition de déserts obstétricaux, conditions de travail plus que difficiles des soignant·e·s, dénonciation de violences gynécologiques et obstétricales, absence d’une offre diversifiée de lieux de naissance (puisque, contrairement à beaucoup de nos voisins européens, la France ne permet pas aux sages-femmes de pratiquer l’accouchement à domicile et ne tolère pour l’instant qu’à titre expérimental l’accouchement en maison de naissance). Nous constatons que le système peut s’avérer structurellement maltraitant autant envers les soignant.e.s que les soigné.e.s.
Que les pratiques professionnelles des sages-femmes soient connues, reconnues et revalorisées
Malgré une campagne d’information sur les compétences des sages-femmes menée en 2016, nombre de femmes ignorent encore que les sages-femmes sont autorisées et compétentes pour assurer leur suivi gynécologique régulier. Nous proposons de relancer et d’étendre cette campagne d’information.
Il nous semble également nécessaire de relancer la coordination des pratiques des professionnel.le.s, en repensant les passerelles entre le suivi par une sage-femme et l’accueil en structure hospitalière, sans mise en concurrence de l’une avec l’autre, dans un respect mutuel, au profit des femmes et du respect de leurs choix éclairés.
Une meilleure reconnaissance des compétences des sages-femmes permettra que chaque femme soit accompagnée d’une manière assurant incontestablement sa sécurité et celle de l’enfant à naître, mais aussi en respectant ses choix notamment relatifs au lieu et au mode d’accouchement, pour son bien-être et celui de l’enfant à naître. L’accouchement pour la mère, comme la naissance pour l’enfant, sont des événements fondateurs dont le souvenir, conscient ou non, demeure toute une vie.
Les choix politiques entourant la naissance sont justifiés par une exigence de sécurité. Si nous partageons celle-ci, nous sommes réservés quant aux moyens aujourd’hui mis en oeuvre et proposés pour l’atteindre. Car avant tout, la sécurité au moment de la naissance doit passer par un suivi individualisé, adapté à chaque femme. Pour nous, personnes soignées, usagères, soignantes et avant tout citoyen·ne·s, la sécurité au moment de la naissance nécessite la présence continue d’une sage-femme pour chaque femme qui accouche (comme le rappelle le slogan une femme = une sage-femme).
Aussi, puisqu’il s’agit de repenser la prise en charge de la naissance, nous appelons à des États généraux de la naissance afin de construire collectivement des solutions qui répondent aux besoins des personnes concernées, en premier lieu des soignant.e.s, des femmes, et des enfants à naître qui ont, rappelons-le, droit à une naissance respectée.
Cet appel a reçu le soutien de :
Béatrice Cascales et Laetitia Négrié, autrices de L’accouchement est politique ; Mélanie Déchalotte, autrice du Livre noir de la gynécologie ; Claude Didierjean-Jouveau, autrice ; Adrien Gantois, président du Collège National des Sages-Femmes (CNSF) ; Béatrice Kammerer, journaliste ; Marie-Hélène Lahaye, autrice du blog Marie accouche là ; Martin Winckler, médecin et écrivain ;
et des associations suivantes :
Doulas de France ; Femmes Monde ; Maman Blues ; PaMaNa ; CDAAD (Collectif de Défense de l’Accouchement À Domicile) ; CIANE (Collectif Interassociatif Autour de la Naissance) ; Le PAF, collectif pour une parentalité féministe ; Mouvement français pour le Planning Familial (75 et 92) ; Pour une M.E.U.F. (Médecine Engagée Unie et Féministe).