L’Est Eclair, 2 janvier 2010
Elle est rayonnante, Margot, et ce n’est pas la naissance de sa fille il y a tout juste quelques jours qui en est la seule cause. Bien dans ses baskets, cette maman de trois enfants sait depuis longtemps ce qu’elle veut. « J’ai toujours aimé les enfants. Avant d’être enseignante, j’ai travaillé comme aide-éducatrice pour m’occuper d’élèves en maternelle et en primaire. » S’occuper d’enfants, certes… mais aussi de leur maman. Une vocation pour le moins originale, qui l’a conduite à endosser le rôle de doula.
Écouter sans juger
Fraîchement débarquée de son Alsace natale, Margot Winterhalter, enceinte alors de son deuxième enfant, se sent un peu seule. Surfant sur internet, elle tombe sur une spécialité méconnue en France, mais assez répandue aux États-Unis : doula. Une fonction qui consiste à « accompagner et soutenir la future mère et son entourage pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale ».
Tenu au début du siècle dernier par la famille, les amies, les voisines, ce rôle a totalement disparu aujourd’hui, au profit d’un accompagnement très (et peut-être même trop) médicalisé : « J’interviens en complément d’un suivi médical, jamais en substitut. Je me vois comme une accompagnante, qui, avec son sac à dos, va faire un bout de chemin au côté de la maman. »
Cet accompagnement passe par une « écoute active » et sans parti pris, développée par le biais d’une formation (dispensée par Les Doulas de France). Mais, sur le terrain, les discussions ne concernent pas seulement la maternité ou la peur d’être mère. « Accompagner, c’est aussi prendre le temps de discuter de tout et de rien, avec des femmes qui n’ont d’autres envies que d’être bichonnée. Parfois, les femmes me remercient… alors que nous avons juste bu un thé ! »
Prendre du temps avec l’autre se traduit, concrètement, par des visites à domicile et par une disponibilité téléphonique quasi permanente. Ou presque : « Si je ne suis pas joignable, je rappelle », précise-t-elle.
Les tentes rouges
Quand elle ne s’occupe pas de ses enfants, qu’elle n’enseigne pas (à mi-temps) et qu’elle n’accompagne pas les mamans, Margot Winterhalter organise des « tentes rouges ». Un concept qui consiste à inviter celles qui le souhaitent à discuter, autour d’un thé, au sein d’un espace confiné et intime. « C’est un groupe de paroles dans un espace physiquement très fort. » Gros problèmes ou petits tracas, ce qui se dit sous la tente est placé sous le sceau de la confidentialité. « Parfois, il n’y a pas grand-chose à raconter. C’est juste un moment de bien-être et de proximité », résume Margot.
Blandine PROFFIT