Par Marie Zafimehy
INTERVIEW – Dans l’épisode 1 du podcast RTL Originals « Nouvelles Mères » , Elya, 43 ans, raconte qu’elle a fait appel à une doula pour accompagner sa grossesse.
« Je n’aurais pas pu le laisser à quelqu’un d’autre qu’à toi ». Dans le premier épisode du podcast RTL Originals « Nouvelles Mères », Elya, 43 ans, raconte comment sa doula, Amrit, a été une figure majeure avant, pendant et après la naissance de son fils Elon. Sorte de sages-femmes sans formation médicale, les doulas accompagnent et soutiennent les femmes enceintes tout au long de leur grossesse, et parfois jusqu’à plusieurs mois après l’accouchement.
« Ensemble on aborde la parentalité, le quotidien, les questions autour de la féminité, du couple », précise Pascale Gendreau, elle-même doula depuis vingt ans. « À l’époque, on devait être quatre en France », raconte-t-elle. Elle exerce aujourd’hui dans la région de Bordeaux et est membre de l’association Doulas de France qui compte plus d’une centaine de membres. En tout, Pascale Gendreau estime qu’il existe entre 100 et 200 doulas en France.
« L’outil spécifique de la doula, c’est l’écoute active »
La formation des doulas dure plusieurs semaines, mais ne nécessite aucun pré-requis. « Nous ne sommes absolument pas formée pour détecter la moindre problématique médicale. L’outil spécifique de la doula, c’est l’écoute active », insiste Pascale Gendreau. Dans son association, les doulas n’acceptent d’ailleurs aucune cliente qui ne serait ni suivie par une sage-femme, ni par un gynécologue.
Par contre, elles orientent et accompagnent quelques fois les femmes à leurs rendez-vous médicaux. Parfois, malgré les réticences des professionnels de santé. « Depuis toujours, les médecins sont réticents, même si aujourd’hui c’est avec moins de férocité qu’avant. En ce qui concerne notre association, ils ont bien compris qu’on n’irait pas sur un terrain qui n’est pas le nôtre », indique Pascale Gendreau.
Au jour le jour, le métier de la doula consiste à assister la femme enceinte au quotidien, et parfois son ou sa partenaire. Les séances souvent tarifée au forfait coûtent en moyenne 20 euros de l’heure.
« L’idée c’est que l’on soit au domicile des parents, c’est eux qui nous reçoivent », précise Pascale Gendreau. Cet accompagnement s’étale des débuts de la grossesse jusqu’à trois mois après. « Parfois on les voit au moment de l’introduction des solides dans l’alimentation, ou s’il y a des problèmes avec les nuits. »
De manière plus poussée, les doulas peuvent conseiller les femmes pour les conditions de leur accouchement. « Lors d’une deuxième grossesse, c’est l’occasion de revenir sur l’accouchement précédent, et si c’est un premier accouchement, on peut discuter de ce qui est possible, de ce à quoi la femme doit s’attendre. »
Lors de son accouchement, Amrit, la doula d’Elya, était présente. Elle s’était même installée dans son lit pour la soutenir lors de ses contractions. Un moment emblématique de sa grossesse, et emblème de la sororité qui lie une doula à la femme qu’elle accompagne.
SAUVEGARDE
Par Dorothée Blancheton
Pour vous aider à vivre au mieux votre grossesse ou les premiers mois avec bébé, vous pouvez vous faire accompagner par une doula. Celle-ci prendra le temps de répondre à vos questions, vous proposera des solutions et sera à votre écoute. Une aide bienvenue pour une pratique encore assez méconnue en France.
Quand on est enceinte, on se fait classiquement accompagner par son gynécologue, une sage-femme… Mais il est également possible, en complément, de recourir aux services d’une doula avant, pendant et après l’accouchement. Celle-ci ne fera pas d’accompagnement médical mais se penchera davantage sur l’aspect physique, émotionnel et les questions pratiques liées à la parentalité. Son intervention est destinée au couple, pas seulement à la future mère. « Nous venons au domicile des parents, à l’heure de leur choix pour que ce soit le moins contraignant possible pour eux. Ça leur permet aussi d’être avec leurs enfants s’ils en ont. Nos rendez-vous sont chaleureux et décontractés », explique Pascale Gendreau, doula, formatrice et directrice de l’Institut de formation Doulas de France. La valeur ajoutée de ces entretiens ? Le temps consacré. Ils peuvent, en effet, durer deux à trois heures voire plus, selon les besoins du couple.
Un accompagnement avant, pendant et après
Pendant la grossesse, la doula peut montrer au père comment être actif lors de l’accouchement, les gestes de massage qu’il pourra pratiquer pour soulager sa compagne… Elle explique les pratiques obstétricales qui leur seront peut-être proposées, les alternatives possibles pour voir comment ça peut s’articuler avec leurs volontés et leur projet de naissance. Elle explique aussi d’où vient la douleur pendant l’accouchement, à quoi elle sert, comment la soulager…
Le jour J, la doula peut parfois assister à l’accouchement, si la maternité et la sage-femme présente ce jour-là l’y autorisent. « Pendant l’accouchement, elle reste discrète et ne prend aucune décision médicale. Elle n’est pas non plus l’avocate des parents. Elle essaye en revanche de les rapprocher le plus possible de leur projet de naissance initial car ils peuvent s’en éloigner avec le stress. Mais ils ont aussi le droit de changer d’avis le moment venu », ajoute Pascale Gendreau. La doula rappelle au père les gestes appris, l’incite à prendre sa place pour que « l’histoire au sein du couple ait lieu ». Elle veille également à ce que le père ne soit pas heurté par les choses qu’il pourrait voir afin de préserver l’intimité du couple. Dès le lendemain de la naissance, la doula peut venir à la maternité, aider à ce que l’allaitement se mette bien en place, que le bébé ait une bonne prise du sein…
Au retour à la maison, souvent rapide après l’accouchement, elle accompagne encore les jeunes parents. Elle répond à leurs questions sur le sommeil, l’alimentation, le bain, le change de bébé… Elle peut leur apprendre comment le masser, le porter en écharpe… La doula s’assure que la maman peut se reposer. Elle peut parfois lui faire un brin de ménage, une lessive, lui préparer à manger…
Un métier non reconnu
La doula est finalement une sorte de grande sœur auprès de qui trouver une aide précieuse. « Quand on est une amie ou une sœur, on se sert de son expérience comme référence. Ça peut être intéressant mais quand on est impliquée émotionnellement, on n’a pas de filtre. La doula, elle, accompagne le couple pour qu’il trouve sa manière de faire. Elle partage un panel d’expériences différentes possibles pour qu’il choisisse ce qui lui convient. Ce n’est pas du coaching », nuance Pascale Gendreau.
Le métier de doula n’est pas reconnu en France mais plusieurs associations se sont entendues pour élaborer un cursus de formation avec des pré-requis. La formation s’étend généralement sur 150h, le temps d’apprendre le contexte juridique qui entoure la grossesse, d’avoir des connaissances sur les gestes médicaux réalisés (sans en avoir les compétences), la relation d’aide à la personne, la physiologie de la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, les difficultés maternelles, le deuil périnatal…
Des aides financières possibles
Il est possible de se faire accompagner par une doula dès la grossesse ou bien simplement une fois que bébé est né. En moyenne, les couples prennent une dizaine de rendez-vous. Les séances sont payées à l’unité ou au forfait. Comptez 45 à 70 € la séance, suivant les doulas et la ville. Certaines mutuelles peuvent rembourser ces séances. Le forfait naissance accordé par celles-ci peut également permettre de s’offrir ce service. « Quand on est accompagnée par une doula, il y a souvent moins de médication pendant l’accouchement, moins de dépression post-partum, les bébés sont souvent allaités et cela permet aux mutuelles de s’y retrouver », précise Pascale Gendreau. Enfin, en tant que service d’aide à la personne, ces séances permettent de bénéficier du crédit d’impôt. Des aides bienvenues pour profiter d’un accompagnement sur-mesure et vivre plus sereinement son nouveau rôle.