L’association Doulas de France souhaite apporter un éclairage sur les raisons qui ont amené à mettre la charte en avant pour la pratique des doulas en France. Elle a été élaborée et mise en place de manière collégiale pour offrir un cadre sécurisant et légal – pour les doulas et les parents – à l’activité des doulas en France.
La charte est basée sur les articles de la législation française issus du Code Pénal et du Code de la Santé Publique. Elle est le reflet du cadre légal et juridique français et non pas d’un désir de Doulas de France d’imposer sa loi.
Lors de la création du site internet et de l’organisation du collectif Doulas de France avant 2006, il a émergé des échanges entre toutes les doulas que certaines dans leur exercice pouvaient parfois :
- inclure des pratiques thérapeutiques,
- prodiguer des conseils d’ordre médical pendant leurs accompagnements,
- être présente au domicile des parents pendant le travail avant le départ à la maternité,
- être présente au domicile des parents avant l’arrivée de la sage-femme ou du médecin pour un accouchement à domicile,
- être présente lors d’un accouchement non assisté.
Au regard de la loi française, tout cela constitue une pratique illégale de la médecine et/ou du métier de sage-femme, il était donc nécessaire pour l’avenir de cette nouvelle profession, d’établir un cadre et d’en informer les doulas, les parents et les acteurs de la périnatalité. Ce cadre est défini par la charte Doulas de France et a été validé par un juriste spécialisé.
Pour certaines doulas, envisager qu’elles ne puissent pas se rendre au domicile des parents au début du travail semble être synonyme de frustration. En dehors du fait que la présence de la doula auprès d’une femme en travail sans l’implication d’un professionnel de santé soit illégale, il est pertinent de s’interroger sur ses conséquences pour les parents :
La possibilité d’un transfert de responsabilité des parents sur leur doula n’est pas négligeable : la fameuse phrase « Tu en penses quoi ? », parfois posée à sa doula lors d’un rendez-vous, question à laquelle nous sommes amenées à répondre « C’est ce que tu en penses toi qui importe » peut prendre une toute autre dimension pendant l’accouchement. Dans ce contexte cela implique qu’un regard d’ordre médical de la part de la doula est attendu des parents à un moment où eux seuls devraient se faire confiance et décider s’ils ont besoin d’un avis médical.
Les bienfaits liés à la présence de la doula auprès d’une femme en travail sont bien documentés(1) : elle participe à instaurer un climat rassurant, encourageant, soutenant qui favorise le déroulement de l’accouchement. Cependant sans le regard d’un professionnel de santé à ces moments-là, un faux sentiment de sécurité peut donc être induit par notre présence auprès des parents bien que nous n’ayons pas les compétences médicales nécessaires pour évaluer si réellement « tout va bien » pour la femme et son bébé.
Nous espérons que ces informations et pistes de réflexion auront éclairci les raisons et les motivations de l’existence de la charte de Doulas de France.
Pour une exploration plus détaillée du cadre d’exercice de la doula en France, l’association propose régulièrement à Paris et en province des Sessions d’Information Positionnement et Éthique.
Bien chaleureusement
L’équipe de Doulas de France
(1) https://doulas.info/ressources/etudes/
Texte publié le 6 janvier 2018