Mutuelle d’Assurances du Corps de Santé Français, 27 juillet 2009

20100705-MACSFLes doulas sont des femmes qui proposent aux futurs parents un accompagnement non médical, du début de la grossesse au post-partum, en complément du suivi médical normal, pour répondre aux questions et aux angoisses maternelles et paternelles. Leur connaissance est essentiellement empirique, fondée le plus souvent sur une expérience personnelle de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement, alliée à une formation théorique onéreuse et une formation pratique très limitée.

Introduction

Le terme « doula », féminin de « doulo » qui signifie en grec ancien esclave, que certains préfèrent traduire par servante, est apparu pour la première fois il y a une trentaine d’années aux États-Unis.

La formation des doulas

Les organismes de formation sont nombreux et les programmes variés.Ils comportent habituellement une partie théorique et une partie pratique.

Leur objectif

Les doulas revendiquent la création d’un statut spécifique d’aide à la personne, hors cadre médical ou para médical, hors bénévolat, avec une formation et une pratique reconnues par le ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité, tout en gardant contact avec le ministère de la santé et en recevant une formation très médicale, d’où une véritable ambiguïté.

Les raisons de l’apparition des doulas

L’apparition des doulas correspond à la conjonction de plusieurs facteurs concernant le comportement de l’individu, l’évolution de la société, l’exercice de la gynécologie obstétrique.

Leur audience

Elle est encore marginale. Le nombre de doulas en France est difficile à préciser. Une cinquantaine serait en exercice et plus d’une centaine en formation. Selon l’association « Doulas  de France », 138 naissances ont été accompagnées en 2006, parmi lesquelles 34% ont eu lieu à domicile.

Les réserves

A priori, les doulas sembleraient pouvoir combler un vide, sans que l’Etat ait à débourser de l’argent, du moins tant qu’elles n’ont pas de statut. Cependant, les réserves sont nombreuses.

L’aspect juridique

Les doulas n’ont aucun statut juridique. La « charte » de l’association des « Doulas de France » et « le code de déontologie » de l’association ALNA n’offrent aucune garantie. Elles peuvent, semble-t-il, s’exposer à l’accusation d’exercice illégal de la médecine.

Quel avenir pour les doulas ?

Si certaines sages-femmes libérales considèrent favorablement l’accompagnement par des doulas, accompagnement qu’elles estiment ne plus être en mesure d’assumer elles-mêmes en raison de leur surcharge de travail, et que d’autres, très minoritaires, n’hésitent pas à collaborer à leur formation, l’Ordre national des Sages-femmes, alerté à maintes reprises par les Conseils départementaux constatant que le phénomène « doula » prend de plus en plus d’ampleur.

Ce qu’il faut retenir sur les doulas

– Les doulas, « accompagnantes à la naissance », ne sont pas des professionnelles de santé et n’ont aucun statut juridique. Leur formation, tant théorique que pratique, est variable et parfois insolite.

– Elles assistent la parturiente par tous moyens reconnus, non médicamenteux, destinés à assurer un confort moral et physique. Elles l’aident à établir son projet de naissance.

– La nature du lien entre la doula et la parturiente est variable, mais le plus souvent, la doula est rémunérée.

– Si elle est excessive, l’influence de la doula sur la parturiente peut conduire à des situations à risques pour l’équipe soignante, ou à une résurgence des accouchements à domicile.

– Les sociétés savantes et l’Académie de médecine, peu favorables aux doulas, suggèrent une augmentation des effectifs de sages-femmes et un meilleur accompagnement de la naissance, afin de limiter la médicalisation de l’accouchement au strict nécessaire et satisfaire le besoin de confort et de soutien psychiques des mères.

Auteur : Professeur Roger HENRION, Membre de l’Académie nationale de médecine