NaturelleMaman.com, 28 octobre 2017

Naturelle MamanContrairement aux États-Unis où les femmes enceintes font souvent appel à ces professionnelles, nous connaissons encore trop mal ces “fées” de la maternité. Elles peuvent pourtant complètement changer le cours d’une grossesse ou d”un accouchement par un soutien sans faille.

Grâce à leur formation, à leur expérience de maman et à leur grande humanité, les doulas mettent toutes leurs ressources à disposition des futurs et jeunes parents pour les accompagner dans la grossesse et l’accueil de leur bébé.

Elles répondent à l’ensemble des questions que soulèvent l’arrivée d’un enfant (accouchement, couple, féminité, fratrie, éducation, carrière, etc). Elles sont présentes dès que vous en ressentez le besoin. Parfois, elles peuvent mettre être là pour votre accouchement.

Pour toutes les femmes enceintes qui hésiteraient encore à bénéficier de ce soutien si précieux, je suis allée rencontrer l’une d’entre elles, Anne Belargent, qui nous livre ses secrets de professionnelle pour vivre une belle grossesse et un accouchement respecté.

Comment​ ​et​ ​pourquoi​ ​êtes-vous​ ​arrivée​ ​au​ ​métier​ ​de​ ​doula​ ​?

Ce métier m’offre la possibilité d’être dans une relation professionnelle unique, comme il ne m’a jamais été permis auparavant : offrir ma présence et ma confiance, ne pas évaluer et ne pas juger, soutenir inconditionnellement… peu de professionnels font l’expérience d’une telle relation.

Être doula est aussi un acte féministe ! J’aimerais que l’on reconnaisse que la naissance et la maternité constituent une occasion pour chacune d’aller au bout de soi-même, que cela nous bouscule et que c’est loin d’être neutre pour notre vie de femme. Mettre un voile sur la naissance en disant que ce n’est pas une maladie et que toutes les femmes y sont bien arrivé avant nous, met une pression énorme sur les femmes qui s’épuisent à tout mener de front.

Cela a aussi pour effet de nous éloigner parfois de l’expérience puissante et intime que représente la naissance et l’accueil d’un enfant. Je suis fière d’accompagner les femmes dans ce désir de reprendre le contrôle sur ce moment qui leur appartient.

Quelle​ ​formation​ ​avez-vous​ ​suivie​ ​?

Je me suis formée à l’Institut des Doulas de France, qui offre une formation riche et concentrée sur quelques jours par mois pendant un an. J’y ai appris un véritable métier, un savoir-être, et surtout j’y ai fait la rencontre de femmes, fortes et sensibles… comme nous toutes. On ressort de cette formation transformée, boostée par la sororité et l’envie de transmettre à son tour.

En parallèle, j’ai créé Naissanciel avec mon amie Géraldine, éducatrice de jeunes enfants, et je me suis formée au soutien à la parentalité. Notre but est de combiner nos savoir-faire pour offrir un soutien global et pluridisciplinaire. Prendre soin des parents et ne jamais les laisser seuls avec une question, c’est ça notre motivation.

Pouvez-vous nous expliquer, comme vous expliquez à une future maman que vous rencontrez pour​ ​la​ ​première​ ​fois,​ ​comment​ ​se​ ​passe​ ​votre​ ​accompagnement​ ​?

Je propose toujours une première rencontre pour me présenter et échanger autour des besoins de la maman (ou du couple). J’insiste sur la relation de confiance et l’hyper personnalisation de mes services. Aucun accompagnement ne se ressemble. Ma présence à domicile permet cette proximité physique et émotionnelle. Les rencontres se tricotent au fur et à mesure, généralement autour des temps forts suivants :

★ des temps d’échange et de partage d’informations ;

★ des moments de “bien-être” pour s’offrir un moment de détente ou se préparer physiquement et mentalement à l’accouchement ;

★ un coup de main concret surtout au retour de la maternité, pour guider les parents dans leurs premiers pas avec bébé et parfois leur permettre de souffler (je peux préparer un repas, faire une course, jeter un oeil sur bébé pendant que la jeune maman prend une douche !)

Nous restons en lien par téléphone et par mail entre chaque rendez-vous ce qui est très rassurant pour les jeunes parents. Nous sommes là pour les bons moments et aussi pour les coups durs, toujours prêtes à mettre en place les solutions que nous construisons avec les parents.

Avez-vous constaté une ouverture des esprits et une meilleure compréhension du rôle de la doula depuis​ ​que​ ​vous​ ​avez​ ​commencé​ ​à​ ​pratiquer​ ​?

Cela reste un métier très confidentiel, c’est un mystère pour moi. Depuis que j’ai commencé ce métier combien de femmes m’ont dit “Ah si j’avais su que cela existait !” et pourtant peu de professionnels ou de média diffusent l’information. J’ai une part importante des parents que j’accompagne qui sont étrangers. La raison est simple, ce métier est bien plus reconnu outre manche et outre atlantique, ou plus proche de nous en Suisse par exemple. Les choses évoluent un peu car nous devenons de plus en plus nombreuses et sommes désormais bien organisées au sein de l’association Doulas de France (DDF), qui offre un cadre clair d’intervention et des principes inscrits dans une charte.

Travaillez-vous en lien avec des sages-femmes ? Ou d’autres professionnels de la santé en lien avec la​ ​grossesse​ ​?

C’est très important pour moi de travailler en réseau, pour le bénéfice des parents que j’accompagne. Pouvoir leur conseiller une sage-femme, un ostéopathe ou une conseillère en lactation par exemple fait partie de mon rôle. Ça leur fait économiser du temps et de l’énergie.

Ça leur ouvre des perspectives de solutions pour leur problème. Surtout, ça leur évite de tomber chez un professionnel trop jugeant ou peu à l’écoute. C’est une qualité essentielle pour améliorer le vécu des jeunes parents ! J’ai déjà vu des mamans en larme suite à une réflexion d’un pédiatre ou d’une puéricultrice de la PMI.

Utilisez-vous​ ​certaines​ ​techniques​ ​de​ ​relaxation/massage​ ​pour​ ​aider​ ​les​ ​futures​ ​mamans​ ​?

Je me suis formée à plusieurs techniques de relaxation et de soins du corps, complémentaires (sophrologie, rebozo). Ce sont des outils intéressants pour les mamans qui ont envie de prendre soin d’elles, de se préparer physiquement et mentalement à la naissance, ou de s’offrir une petite parenthèse après l’accouchement.

Quel est​ ​le​ ​coût​ ​approximatif​ ​d’un​ ​accompagnement​ ​de​ ​grossesse​ ​avec​ ​une​ ​doula​ ​?

Cela dépend bien sûr de la doula et de la région où vous vous trouver. Une rencontre varie entre 60 et 80 euros, mais dure souvent 2h. Beaucoup de doulas fonctionne avec des forfaits. Ce tarif peut sembler important mais il comprend le temps de déplacement puisque la doula se rend chez vous et les moments d’échange entre les rencontres, puisque nous restons disponibles par mail et par tel.

Cette disponibilité à toute épreuve est précieuse mais se paye puisque c’est un investissement important de notre part. Pour la présence à l’accouchement il faut compter entre 300 et 500 euros. Mais n’hésitez pas à contacter la doula près de chez vous. Le tarif ne devrait pas être une raison de ne pas s’offrir le soutien dont on a besoin.

Pouvez-vous​ ​nous​ ​raconter​ ​une​ ​expérience​ ​qui​ ​vous​ ​a​ ​particulièrement​ ​marquée​ ​en​ ​tant​ ​que​ ​doula​ ​?

J’ai envie de vous parler de la dernière maman que j’ai accompagnée pour la naissance. Elle souhaitait un accouchement physiologique. C’était très important pour elle et s’en était donné les moyens. Mais le travail n’est jamais arrivé naturellement.

Cette maman a été déclenchée, a demandé la péridurale après 15h de contractions fortes et rapprochées (pendant lesquelles le papa et moi l’avons soutenue sans répit), sans que le col ne bouge réellement. Après plusieurs heures, l’équipe médicale a décidé de faire naître le bébé par césarienne car il présentait des signes de détresse. Tout le projet de naissance de ce couple s’est effondré en quelques heures… mais savez-vous ce que cette maman m’a dit il y a quelques jours ?

Bien sûr qu’elle était déçue de l’issue de son accouchement, mais elle m’a dit aussi que les 15h passées en salle de naissance, à vivre pleinement ses contractions, à parler et accompagner son bébé, à sentir le soutien de son mari et le mien, à ressentir sa propre puissance et sa détermination, ont constitué pour elle une expérience unique qui lui confère beaucoup de force pour être maman de son petit garçon.

J’aime que l’accouchement ne soit pas uniquement la naissance d’un bébé, mais aussi celui d’une maman. On peut naître maman même lorsque l’accouchement n’est pas conforme à notre souhait, voir complètement catastrophique,…à la condition que l’on soit respectée et actrice de ce dernier..

Assistez-vous​ ​à​ ​certains​ ​accouchements​ ​?​ ​Si​ ​oui,​ ​quel​ ​est​ ​votre​ ​rôle​ ​en​ ​salle​ ​de​ ​naissance​ ​?

Oui tout à fait, toujours bien sûr à la demande des parents qui souhaitent disposer d’un soutien le jour J pour mener leur projet de naissance. C’est important de rappeler que j’interviens uniquement en complément de l’équipe médicale. Mon rôle est purement pratique et émotionnel, principalement pour améliorer le vécu des parents que j’accompagne.

Je suis aux petits soins avec la maman, en la massant, en l’encourageant, en m’assurant qu’elle a tout ce dont elle a besoin, mais je m’occupe aussi du papa, pour qui c’est parfois difficile de trouver la manière de soutenir sa femme. Je participe à créer un climat de confiance et de confort autour du couple. Ce climat a un impact direct sur le ressenti des personnes mais également sur l’accouchement lui même.

Et​ ​comment​ ​êtes-vous​ ​accueillie​ ​par​ ​les​ ​équipes​ ​médicales​ ​?

J’ai déjà pu ressentir une certaine méfiance chez certaines sages-femmes, d’autres m’ont dit qu’elles avaient du mal à nous accepter car elles étaient frustrées de ne pas avoir le temps d’être auprès des femmes qui accouchent comme nous le faisons, mais je rencontre aussi des sage-femme avec qui les choses se font naturellement et dans le respect du rôle de chacun. Là aussi les choses bougent.

La maternité de Nanterre en région parisienne nous a officiellement ouvert ses portes il y a deux ans et je m’y sens très bien accueillie. Dimanche dernier, une sage-femme nous regardait, la femme en plein travail, son mari et moi à leurs côtés. Avec un sourire bienveillant, elle nous a dit : “Quel beau trio !”. Ce sont des mots qui comptent quand on est doula et que tout ce que l’on souhaite c’est travailler en complémentarité avec l’équipe médicale. J’espère que d’autres maternités vont suivre.

Est-ce​ ​que​ ​votre​ ​accompagnement​ ​peut​ ​se​ ​poursuivre​ ​si​ ​besoin​ ​après​ ​la​ ​naissance​ ​?

Et comment ! C’est une partie importante de mes accompagnements. C’est à ce moment souvent que les parents se retrouvent isolés ou sous le joug d’injonctions contradictoires (de la part des professionnels, de la famille ou de leurs amis). Je les aide à faire le tri et à s’écouter davantage, eux et leur bébé. Et puis, la réalité n’est pas toujours à la hauteur de ce que l’on pensait et, la fatigue aidant, on se sent très vite dépassés. L’épuisement est proche. Dans d’autres cultures, la femme qui vient d’accoucher est soutenue pendant plusieurs semaines et déchargée des tâches quotidiennes.

Lorsque c’est le souhait des parents, j’ai plaisir à donner un coup de main concret en faisant une course, en préparant un repas ou en jetant un œil sur le bébé pendant que sa maman prend une douche ou fait la sieste ! C’est aussi ça être doula ! Ces petits gestes font la différence.

Il ne faut pas grand chose pour que les parents gagnent en confiance, à condition qu’ils soient bien entourés et que leurs interrogations soient prises en compte. Et puis quand le bébé grandit d’autres questions émergent. C’est pour cela que j’ai créé Naissanciel avec mon amie éducatrice de jeunes enfants. Ainsi nous restons joignables et disponibles pendant les premières années, toujours avec la même volonté d’aider les parents à trouver leurs propres solutions.

Anne-Laure Brunelle

Pour en savoir plus sur l’accompagnement proposé par Anne Belargent : http://www.naissanciel.fr